Yves Philippe de Francqueville
Pirate des mots
et Philanalyste en herbe
vous propose en ligne
L'affaire du papyrus berbère
troisième partie :
Basile
Chapitre trois :
Sacré Julien !
un récit initiatique
chapitre par chapitre…
à découvrir chaque semaine
ou dans sa continuité, selon l'espace-temps !
Pirate des mots
et Philanalyste en herbe
vous propose en ligne
L'affaire du papyrus berbère
troisième partie :
Basile
Chapitre trois :
Sacré Julien !
un récit initiatique
chapitre par chapitre…
à découvrir chaque semaine
ou dans sa continuité, selon l'espace-temps !
Un récit
autour et au-delà
du Cycle de l’Austrel :
Le Cycle de Thulé
Épisode 1
L’affaire
du papyrus berbère
Les amours
d’un autre monde
première partie
© Saint-Aël 2019
Traduit de l’américain
par Olam Salomon P.
Seconde version supervisée
par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE,
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
à Montpellier, mmxix.
Imprimé pour le plaisir,
aux dépens de l'auteur,
sans l'approbation, ni les privilèges…
de ceux qui pensent être dépositaires
de la vérité et, donc, des pouvoirs…
D’après HÉRACLITE,
En relecture libérée de toute gravité :
« La dispute est mère de toute rencontre et de toute création »
Si vous avez manqué le début du récit, d'un clic allez au prologue : La Maison des Légendes
Ou alors …
Voici la
Ou alors …
Voici la
suite de la troisième partie
chapitre trois
Sacré Julien !
Tout va si vite…
Pierre Louis a informé Basile, par SMS, d’une autre visite courtoise d’un inspecteur de police… qui aimerait savoir où se trouve Tomas…
À Toulouse, d’après les dernières informations ?
Paris, Île Saint-Louis.
Le coup de treize heures trente sonne au loin à la tour de l’Horloge et son écho à la Sainte Chapelle.
Le trio de choc arrive chez Julien en même temps que Paul, alors que Basile sort de la douche, humide et radieux… levé depuis très peu de temps.
Leur hôte a été plus matinal : tout est prêt pour un déjeuner grande classe.
Julien adore l’art de la table.
Il s’est vraiment donné du plaisir, tant dans la présentation que pour le menu.
C’est aussi grâce à l’aide de la vieille Gertrude — ancienne gouvernante de son père, qui ne l’a pas abandonné après son second divorce — et d’une habile cuisinière qu’il embauche régulièrement pour des extras.
L’accueil chaleureux facilite la rencontre et permet à tous et chacun de s’apprécier, autour d’un bon repas.
Nancy et Yidir découvrent enfin Julien, rayonnant dans son luxueux appartement, où de multiples œuvres d’art sont placées avec soin, sans pourtant former un ensemble vivant.
Il manque une âme… C’est beau, de qualité, de bon goût même, tout en semblant très neuf, trop peut-être : sans histoire, sans passé.
Presque étrange.
Le temps des questions et des critiques constructrices viendra plus tard… Julien est si heureux de les recevoir chez lui.
Tout est merveilleusement orchestré en leur honneur, avec une attention particulière pour Tomas dans le choix du menu : il est plutôt végétarien, selon son humeur.
L’entrée, composée de ravioles de brousse de brebis et de pousses d’épinards, dans une émulsion d’asperges et de menthe fraîche, est délicieuse.
Un Côte de nuits à la robe inimitable coule dans les verres en cristal…
Julien — tout ému — rappelle une des belles anecdotes familiales contée par Tomas dans un de ses livres, qu’il a lu récemment.
Il se sent impliqué, comme si c’était sa propre histoire :
— Il y a exactement cent ans d’écart entre les bouteilles. Ah, l'événement méritait la recherche… et j’en ai trouvé une caisse : voici un Romanée-saint-vivant Grand Cru 2011 !
Plaisir et noblesse, les amis !
Une merveille !
Un nectar !
Tous se détendent : le plaisir de s’apprécier mutuellement grâce aux sublimes folies de leur hôte.
Nancy le félicite d’être le premier journaliste à bénéficier des éloges de Tomas… ce qu’il réfute avec humour, racontant comment il fut massacré tant au téléphone que lors de la première rencontre, sur ce sujet brûlant.
— Si vous saviez !
Aux yeux de Tomas, je reste le symbole des journalistes désolants, formatés à l’école des ratés de Dick May !
Alors que Paul tente de prendre la défense de son neveu, Tomas renchérit :
— Que oui !
J’insiste !
C’est un kapo du système… comme les autres !
Il y a plusieurs Julien en cet homme…
Si j’ai appris à aimer l’être sensible et cultivé, le journaliste reste médiocre et insupportable !
Je le déteste…
— Et tu avais encore raison Tomas !
Cependant, c’est du passé : c’était hier !
Aujourd’hui est un autre jour.
Je ne te remercierai jamais assez de m’avoir ouvert les yeux… et rappelé que j’avais un cœur !
Pour le journaliste que je suis, ton regard changera certainement ce soir.
— J’espère, l’ami !
J’espère !
— J’en suis sûr, réplique Basile, nous sommes dans une nouvelle ère : le Julien journaliste semble s’être métamorphosé.
Celui que je connais maintenant est fantastique. Tu vas l’aimer, Tomas !
— Merci Basile, c’est grâce à toi !
Ce soir, mon émission en direct,
Pierre Louis a informé Basile, par SMS, d’une autre visite courtoise d’un inspecteur de police… qui aimerait savoir où se trouve Tomas…
À Toulouse, d’après les dernières informations ?
Paris, Île Saint-Louis.
Le coup de treize heures trente sonne au loin à la tour de l’Horloge et son écho à la Sainte Chapelle.
Le trio de choc arrive chez Julien en même temps que Paul, alors que Basile sort de la douche, humide et radieux… levé depuis très peu de temps.
Leur hôte a été plus matinal : tout est prêt pour un déjeuner grande classe.
Julien adore l’art de la table.
Il s’est vraiment donné du plaisir, tant dans la présentation que pour le menu.
C’est aussi grâce à l’aide de la vieille Gertrude — ancienne gouvernante de son père, qui ne l’a pas abandonné après son second divorce — et d’une habile cuisinière qu’il embauche régulièrement pour des extras.
L’accueil chaleureux facilite la rencontre et permet à tous et chacun de s’apprécier, autour d’un bon repas.
Nancy et Yidir découvrent enfin Julien, rayonnant dans son luxueux appartement, où de multiples œuvres d’art sont placées avec soin, sans pourtant former un ensemble vivant.
Il manque une âme… C’est beau, de qualité, de bon goût même, tout en semblant très neuf, trop peut-être : sans histoire, sans passé.
Presque étrange.
Le temps des questions et des critiques constructrices viendra plus tard… Julien est si heureux de les recevoir chez lui.
Tout est merveilleusement orchestré en leur honneur, avec une attention particulière pour Tomas dans le choix du menu : il est plutôt végétarien, selon son humeur.
L’entrée, composée de ravioles de brousse de brebis et de pousses d’épinards, dans une émulsion d’asperges et de menthe fraîche, est délicieuse.
Un Côte de nuits à la robe inimitable coule dans les verres en cristal…
Julien — tout ému — rappelle une des belles anecdotes familiales contée par Tomas dans un de ses livres, qu’il a lu récemment.
Il se sent impliqué, comme si c’était sa propre histoire :
— Il y a exactement cent ans d’écart entre les bouteilles. Ah, l'événement méritait la recherche… et j’en ai trouvé une caisse : voici un Romanée-saint-vivant Grand Cru 2011 !
Plaisir et noblesse, les amis !
Une merveille !
Un nectar !
Tous se détendent : le plaisir de s’apprécier mutuellement grâce aux sublimes folies de leur hôte.
Nancy le félicite d’être le premier journaliste à bénéficier des éloges de Tomas… ce qu’il réfute avec humour, racontant comment il fut massacré tant au téléphone que lors de la première rencontre, sur ce sujet brûlant.
— Si vous saviez !
Aux yeux de Tomas, je reste le symbole des journalistes désolants, formatés à l’école des ratés de Dick May !
Alors que Paul tente de prendre la défense de son neveu, Tomas renchérit :
— Que oui !
J’insiste !
C’est un kapo du système… comme les autres !
Il y a plusieurs Julien en cet homme…
Si j’ai appris à aimer l’être sensible et cultivé, le journaliste reste médiocre et insupportable !
Je le déteste…
— Et tu avais encore raison Tomas !
Cependant, c’est du passé : c’était hier !
Aujourd’hui est un autre jour.
Je ne te remercierai jamais assez de m’avoir ouvert les yeux… et rappelé que j’avais un cœur !
Pour le journaliste que je suis, ton regard changera certainement ce soir.
— J’espère, l’ami !
J’espère !
— J’en suis sûr, réplique Basile, nous sommes dans une nouvelle ère : le Julien journaliste semble s’être métamorphosé.
Celui que je connais maintenant est fantastique. Tu vas l’aimer, Tomas !
— Merci Basile, c’est grâce à toi !
Ce soir, mon émission en direct,
« L’histoire sous un autre regard »
sera peut-être la première d’une toute nouvelle série… ou l’unique — le one shot — si je me fais virer…
Ah, ah, ah !
Nous allons vous expliquer tout ça…
Avant tout, bien que j’adore être le centre du moindre débat, osons les amis parler en premier lieu du sujet qui nous réunit : la découverte du papyrus par Nancy, Yidir et Tomas… en les remerciant encore de nous avoir associés à cette formidable aventure !
Si tous ont beaucoup à dire, c’est à Paul que revient le privilège des premières explications scientifiques sur le papyrus :
— Alors, alors, jeunes gens !
Pendant que vous étiez à fomenter mille opérations pirates, j’ai donné ma nuit pour la science !
Avec l’aide de trois collègues, nous avons œuvré sans repos autour de machines improbables, financées par nos impôts, afin de tenter de comprendre la structure moléculaire de cet étrange papyrus.
— Et alors, oncle Paul ?
Le professeur sort d’une pochette en cuir, une serviette cartonnée emplie de feuilles pleines de notes, d’où il extrait le fragment utilisé pour les expériences au CNRS.
— Mon neveu — qui va me resservir un peu de vin s’il te plaît — chers amis que je découvre pour la plupart aujourd’hui, et qui déjà me sont précieux, voici la preuve de l’inconnu.
Il se lève, boit une gorgée et brandit le papyrus. Voyez et croyez, dirait le curé !
Ah, ah ah !
Découvrez l’objet qui fait de son créateur un dieu dans le sens premier du terme. Oui, un dieu… car ce papyrus a jailli du néant !
Il s’est structuré d’une matière inconnue et instable, utilisant les atomes de l’univers : un alliage moléculaire que nous ne pouvons pas définir.
Il est papyrus sans l’être.
— C’est donc extra-terrestre ?
— Peut-être, peut-être, Tomas !
Comme nous-même ?
En tous les cas, manifestement, sa provenance serait d’une civilisation exceptionnellement évoluée…
Nous n’avons pas encore réussi à comprendre l’origine de sa structure, malgré toutes les expériences réalisées depuis près d’une semaine de recherches, au CNRS.
Yidir reste dans son idée :
— Si j’ai bien compris, le papyrus n’est pas constitué à partir d’éléments hors du tableau périodique de Mendeleïev… qui d’ailleurs est quasi complet.
Sa matière est donc réalisée avec des molécules connues, terrestres, comme celles qui nous structurent…
Ce que nous ne savons pas encore, c’est comment se réalise l’assemblage ?
— Oui, tout à fait ! reprend Paul. Les instruments de recherche nous annoncent une configuration moléculaire très précise et extrêmement complexe, voire instable, qui donne à ce papyrus comme une réalité virtuelle.
Il semble s’être constitué en une fraction de seconde, selon le processus d’une ahurissante fusion d’atomes multiples… sans pour autant être radioactif, ou si peu.
Il pourrait se déstructurer en moins de temps encore, par fission…
Comme un arc-en-ciel : il est à la fois onde et matière.
— J’aime beaucoup la comparaison avec l’arc-en-ciel, dit Nancy, prenant le papyrus dans ses mains.
Elle regarde avec attention les caractères imprimés, notre chance est de pouvoir toucher l’objet, espérant qu’il ne disparaisse pas.
Même si dans la grotte un des cylindres s’est en effet dématérialisé, notre papyrus est toujours intact !
— Peut-être que celui d’Agadir n’est plus là ?
Qu’il s’est désintégré lui aussi ?
De la poussière d’étoile…
Le second cylindre disparu, qui pourrait accueillir notre histoire ?
Ce serait donc la raison de l’absence de preuves de cette civilisation : si tout devait disparaître, à part quelques lettres gravées dans nos montagnes ?
— Tout est possible, Yidir !
Pourtant, trois-quatre signes dans la pierre peuvent être l’œuvre d’un excellent faussaire.
Ta civilisation très évoluée a certainement existé, or sans les papyrus ou le cylindre, c’est difficile d’en parler au monde.
Hélas !
Nous, les scientifiques, nous ne sommes pas des religieux capables de confiance en quelques écrits déclarés sacrés : nous avons besoin de voir de réelles preuves matérielles, afin d’être à l’écoute !
Julien, entre la salle à manger et la cuisine, suit la discussion.
Il veille avec art — grâce à la complicité de sa chère Gertrude — sur ses invités.
Son repas est digne d’un trois étoiles au Guide Michelin.
Arrivant avec les assiettes pour le plat principal, qu’il présente à Nancy dans une déclinaison savante — un tian aux légumes rares, baignant dans son jus d’huile d’olive et d’ail, accompagné de toasts gratinés de cabécou de chèvre au miel et d’un chutney de figues — il s’inquiète :
— Si le papyrus était désintégré ?
Ce serait terrible, car nous ne pourrions plus traduire le texte à l’alphabet poissons…
D’y penser, cela me démoralise !
— Là cette fois, pour les cachotteries, ce n’est pas moi… lance Tomas, tant passionné par le repas que par la discussion.
Bravo, bravo pour ce vin et merci pour tant d’attentions qui me touchent droit au cœur, cher Julien.
C’est excellent.
Nous avons tous nos talents cachés !
Quel bonheur de les voir se révéler ainsi…
Quant à notre aventure au Toubkal, si j’ai ma part de folie… Nancy a quelques révélations à vous faire…
Paul, Basile et Julien apprennent alors — rassurés — l’initiative heureuse de Nancy qui a permis la sauvegarde des données : la possibilité d’œuvrer sur la totalité du document dans d’excellentes conditions…
Au lieu de félicitations, qui auraient dû faire l’unanimité, Basile ose vilipender Nancy parce qu’elle n’a pas photographié l’intégralité du second papyrus !
Si l’autre cylindre s’est lui aussi dématérialisé, peut-être que tout un texte a disparu.
Elle explique alors ses tentatives malheureuses pour ouvrir le cylindre, contrairement à celles de Tomas : il avait en effet réussi quelques minutes auparavant.
La technologie ultra-moderne ou extra-terrestre serait-elle parfois défaillante ?
Un mystère de plus ?
Basile ose l’idée improbable que l’ouverture ne se réalise qu’après analyse de l’ADN : une sorte d’encodage génétique !
C’est un peu trop tiré par les cheveux aux yeux de l’équipe, sauf pour Tomas, ravi de se sentir l’élu !
À la fin du repas, Nancy montre sur sa tablette l’ensemble des photos du rouleau, ainsi que les inscriptions sur la roche, celles de l’entrée comme celles dans la grotte.
Cela enchante Basile, avide de se procurer aussitôt l’ensemble en copie.
Elle omet — par oubli — de montrer un autre dossier comportant les quelques photos des cylindres, ayant gravé dans leurs structures, quelques lettres à l’alphabet poissons, qui se répètent.
L’équipe, soulagée de posséder la totalité du texte d’au moins un papyrus, retrouve le sujet qui la perturbe le plus : cette matière étrange composant l’ensemble.
Même si la dispute est passionnante, il est temps de penser à la suite du repas — ainsi qu’à l’après repas — concoctés par Julien, qui s’impatiente.
Outre le dessert, quelle soirée désire-t-il annoncer ?
— Les amis, nous n’avons pas encore résolu le mystère du papyrus berbère, tant pour l’écriture que pour la structure… alors, sachez que j’ai prévu une surprise au dessert.
J’aimerais vous exposer mon super plan.
Nous allons pouvoir enfin demander l’aide d’un très large public, sans être importuné…
Hum… sans plus être trop importuné par le système…
Ah ah !
— Je sais !
Je sais ! crie Basile en se levant très excité… Champagne…
Allez, oui !
Julien, fais péter les bouteilles !
— Oh, bien sûr Basile ! Nous avons fomenté tout cela ensemble, hier soir, jusque fort tard, mon grand…
Après, grâce à toi, grâce à Tomas évidemment, nous avons su fêter ça merveilleusement !
Serais-tu tellement fatigué de notre fameuse nuit, à en avoir tout oublié ?
— Non, non, cher Julien !
Tout est parfait…
J’ai bonne mémoire et je suis en forme pour d’autres aventures aimables !
Mais… c’est la matière… la matière !
Je sais, oui, je sais ce que c’est…
J’ai compris : j’en suis sûr.
Ah, ah… C’est génial !
— Dis-nous donc tout… ce que nous pouvons entendre, mon cher Basile !
Le vieil oncle que je suis est tout ouï, malgré mon éducation chez les jésuites, peut-être un peu dépassée ?
Faut-il délaisser le Saint-Honoré commandé par Gertrude chez Dalloyau en l’honneur des anniversaires de Yidir et de Tomas ?
C’est le gâteau préféré de ce dernier, d’après les informations soutirées de parts et d’autres.
Les bougies de leurs trente ans sont déjà allumées !
C’est aujourd’hui pour Yidir et après-demain pour Tomas.
Julien débouche une bouteille de champagne, sans plus trop en savoir la raison !
— Sacré Basile… ce qui est formidable, c’est que nous sommes tous prêts à te suivre… quoi que tu proposes !
Dis-nous ce que tu as trouvé ?
Enchante-nous ; ce sera à toi aussi de souffler les bougies !
L’équipe est attentive aux explications du jeune homme, qui les surprend tous :
— C’est de l’orichalque !
Avec ce papyrus étrange, nous sommes enfin devant la réalité du mystérieux alliage dont parlent tant d’écrivains, de Platon à Jules Verne.
L’orichalque peut prendre toutes les formes, toutes les textures ; être de toutes les matières.
Les légendes au fil des siècles et des millénaires, en ont fait un soi-disant métal aussi précieux que l’or, qui était d’usage courant autrefois.
Il était dit extrait de nombreuses mines, pourtant aujourd’hui bizarrement épuisées et introuvables. D’autres scientifiques l’ont réduit à du vulgaire laiton.
Pour ma part, je pense — je suis certain — qu’il s’agit bien d’un alliage issu des molécules de l’atmosphère, assemblées par fusion spontanée.
Ma conclusion : il était utilisé chez les Atlantes afin de réaliser toutes copies d’objets, grâce à des machines réplicantes, disparues depuis bien longtemps.
Dans beaucoup de mes jeux, comme dans certains films et mangas, l’orichalque est cité, son utilisation commune !
Il aurait sa raison d’être, dans bien d’autres civilisations disparues : Jules Verne en parle dans son Voyage au centre de la Terre, avec le système d’éclairage utilisé par le peuple de Thulé ; enfin dans la série animée Les Cités d’or, par exemple, le Grand Condor de Tao serait en orichalque !
— Oh, mon ami, c’est du peuple de Mu dont tu parles : les ancêtres fort fort lointains de ma chère maman, à ce qu’elle aime en dire !
C’est incroyable…
Tu as raison, Basile : tout serait lié, comme l’explique le livre que nous avons trouvé à la Maison des Légendes !
Tous, comme Nancy, sont séduits devant les riches connaissances de Basile dans ce domaine, qui permettent d’étayer son idée. Cela ne laisse personne indifférent.
En effet, même si l’on entre dans le fantastique — plutôt que dans le cartésien — en donnant ce nom d’orichalque à la mystérieuse matière inconnue, c’est une porte nouvelle qui s’ouvre sur les recherches à venir.
L’orichalque, c’est évidemment avant tout le lien avec le mystère de l’Atlantide !
Un mythe qui deviendrait réalité : le papyrus a été trouvé dans la montagne, dans l’Atlas… « l’île », en grec ancien. Tout pourrait s’expliquer !
Les cylindres y auraient été déposés par un survivant de la grande immersion, ce raz de marée géant dont parle Platon, qui détruisit tout le royaume, que certains pensent toujours imaginaire.
Pierre Benoît aurait donc peut-être vu juste en situant cette grande cité en Afrique du Nord ?
Tant de légendes autour de quelques phrases rapportées par un philosophe grec !
La fièvre emplit davantage les esprits.
Basile est à l’honneur.
Les anniversaires sont presque secondaires face à cette nouvelle opportunité de recherches. Le gâteau, comme le champagne, égaillent davantage les amis.
Paul admet l’hypothèse.
Il l’estime finalement plutôt scientifique, même réaliste, avec beaucoup d’humilité : si l’on se projette dans un monde ayant une technologie supérieure à celle d’aujourd’hui.
Cela le rassure même, pensant déjà effectuer de nouvelles études sur le fragment, sous un autre regard.
Les vingt mètres de rouleau nous conteraient donc l’histoire de l’Atlantide ?
Il ne nous manque plus que le bon traducteur pour confirmer l’hypothèse.
Julien peut enfin expliquer la soirée qui s’annonce.
Ah, ah, ah !
Nous allons vous expliquer tout ça…
Avant tout, bien que j’adore être le centre du moindre débat, osons les amis parler en premier lieu du sujet qui nous réunit : la découverte du papyrus par Nancy, Yidir et Tomas… en les remerciant encore de nous avoir associés à cette formidable aventure !
Si tous ont beaucoup à dire, c’est à Paul que revient le privilège des premières explications scientifiques sur le papyrus :
— Alors, alors, jeunes gens !
Pendant que vous étiez à fomenter mille opérations pirates, j’ai donné ma nuit pour la science !
Avec l’aide de trois collègues, nous avons œuvré sans repos autour de machines improbables, financées par nos impôts, afin de tenter de comprendre la structure moléculaire de cet étrange papyrus.
— Et alors, oncle Paul ?
Le professeur sort d’une pochette en cuir, une serviette cartonnée emplie de feuilles pleines de notes, d’où il extrait le fragment utilisé pour les expériences au CNRS.
— Mon neveu — qui va me resservir un peu de vin s’il te plaît — chers amis que je découvre pour la plupart aujourd’hui, et qui déjà me sont précieux, voici la preuve de l’inconnu.
Il se lève, boit une gorgée et brandit le papyrus. Voyez et croyez, dirait le curé !
Ah, ah ah !
Découvrez l’objet qui fait de son créateur un dieu dans le sens premier du terme. Oui, un dieu… car ce papyrus a jailli du néant !
Il s’est structuré d’une matière inconnue et instable, utilisant les atomes de l’univers : un alliage moléculaire que nous ne pouvons pas définir.
Il est papyrus sans l’être.
— C’est donc extra-terrestre ?
— Peut-être, peut-être, Tomas !
Comme nous-même ?
En tous les cas, manifestement, sa provenance serait d’une civilisation exceptionnellement évoluée…
Nous n’avons pas encore réussi à comprendre l’origine de sa structure, malgré toutes les expériences réalisées depuis près d’une semaine de recherches, au CNRS.
Yidir reste dans son idée :
— Si j’ai bien compris, le papyrus n’est pas constitué à partir d’éléments hors du tableau périodique de Mendeleïev… qui d’ailleurs est quasi complet.
Sa matière est donc réalisée avec des molécules connues, terrestres, comme celles qui nous structurent…
Ce que nous ne savons pas encore, c’est comment se réalise l’assemblage ?
— Oui, tout à fait ! reprend Paul. Les instruments de recherche nous annoncent une configuration moléculaire très précise et extrêmement complexe, voire instable, qui donne à ce papyrus comme une réalité virtuelle.
Il semble s’être constitué en une fraction de seconde, selon le processus d’une ahurissante fusion d’atomes multiples… sans pour autant être radioactif, ou si peu.
Il pourrait se déstructurer en moins de temps encore, par fission…
Comme un arc-en-ciel : il est à la fois onde et matière.
— J’aime beaucoup la comparaison avec l’arc-en-ciel, dit Nancy, prenant le papyrus dans ses mains.
Elle regarde avec attention les caractères imprimés, notre chance est de pouvoir toucher l’objet, espérant qu’il ne disparaisse pas.
Même si dans la grotte un des cylindres s’est en effet dématérialisé, notre papyrus est toujours intact !
— Peut-être que celui d’Agadir n’est plus là ?
Qu’il s’est désintégré lui aussi ?
De la poussière d’étoile…
Le second cylindre disparu, qui pourrait accueillir notre histoire ?
Ce serait donc la raison de l’absence de preuves de cette civilisation : si tout devait disparaître, à part quelques lettres gravées dans nos montagnes ?
— Tout est possible, Yidir !
Pourtant, trois-quatre signes dans la pierre peuvent être l’œuvre d’un excellent faussaire.
Ta civilisation très évoluée a certainement existé, or sans les papyrus ou le cylindre, c’est difficile d’en parler au monde.
Hélas !
Nous, les scientifiques, nous ne sommes pas des religieux capables de confiance en quelques écrits déclarés sacrés : nous avons besoin de voir de réelles preuves matérielles, afin d’être à l’écoute !
Julien, entre la salle à manger et la cuisine, suit la discussion.
Il veille avec art — grâce à la complicité de sa chère Gertrude — sur ses invités.
Son repas est digne d’un trois étoiles au Guide Michelin.
Arrivant avec les assiettes pour le plat principal, qu’il présente à Nancy dans une déclinaison savante — un tian aux légumes rares, baignant dans son jus d’huile d’olive et d’ail, accompagné de toasts gratinés de cabécou de chèvre au miel et d’un chutney de figues — il s’inquiète :
— Si le papyrus était désintégré ?
Ce serait terrible, car nous ne pourrions plus traduire le texte à l’alphabet poissons…
D’y penser, cela me démoralise !
— Là cette fois, pour les cachotteries, ce n’est pas moi… lance Tomas, tant passionné par le repas que par la discussion.
Bravo, bravo pour ce vin et merci pour tant d’attentions qui me touchent droit au cœur, cher Julien.
C’est excellent.
Nous avons tous nos talents cachés !
Quel bonheur de les voir se révéler ainsi…
Quant à notre aventure au Toubkal, si j’ai ma part de folie… Nancy a quelques révélations à vous faire…
Paul, Basile et Julien apprennent alors — rassurés — l’initiative heureuse de Nancy qui a permis la sauvegarde des données : la possibilité d’œuvrer sur la totalité du document dans d’excellentes conditions…
Au lieu de félicitations, qui auraient dû faire l’unanimité, Basile ose vilipender Nancy parce qu’elle n’a pas photographié l’intégralité du second papyrus !
Si l’autre cylindre s’est lui aussi dématérialisé, peut-être que tout un texte a disparu.
Elle explique alors ses tentatives malheureuses pour ouvrir le cylindre, contrairement à celles de Tomas : il avait en effet réussi quelques minutes auparavant.
La technologie ultra-moderne ou extra-terrestre serait-elle parfois défaillante ?
Un mystère de plus ?
Basile ose l’idée improbable que l’ouverture ne se réalise qu’après analyse de l’ADN : une sorte d’encodage génétique !
C’est un peu trop tiré par les cheveux aux yeux de l’équipe, sauf pour Tomas, ravi de se sentir l’élu !
À la fin du repas, Nancy montre sur sa tablette l’ensemble des photos du rouleau, ainsi que les inscriptions sur la roche, celles de l’entrée comme celles dans la grotte.
Cela enchante Basile, avide de se procurer aussitôt l’ensemble en copie.
Elle omet — par oubli — de montrer un autre dossier comportant les quelques photos des cylindres, ayant gravé dans leurs structures, quelques lettres à l’alphabet poissons, qui se répètent.
L’équipe, soulagée de posséder la totalité du texte d’au moins un papyrus, retrouve le sujet qui la perturbe le plus : cette matière étrange composant l’ensemble.
Même si la dispute est passionnante, il est temps de penser à la suite du repas — ainsi qu’à l’après repas — concoctés par Julien, qui s’impatiente.
Outre le dessert, quelle soirée désire-t-il annoncer ?
— Les amis, nous n’avons pas encore résolu le mystère du papyrus berbère, tant pour l’écriture que pour la structure… alors, sachez que j’ai prévu une surprise au dessert.
J’aimerais vous exposer mon super plan.
Nous allons pouvoir enfin demander l’aide d’un très large public, sans être importuné…
Hum… sans plus être trop importuné par le système…
Ah ah !
— Je sais !
Je sais ! crie Basile en se levant très excité… Champagne…
Allez, oui !
Julien, fais péter les bouteilles !
— Oh, bien sûr Basile ! Nous avons fomenté tout cela ensemble, hier soir, jusque fort tard, mon grand…
Après, grâce à toi, grâce à Tomas évidemment, nous avons su fêter ça merveilleusement !
Serais-tu tellement fatigué de notre fameuse nuit, à en avoir tout oublié ?
— Non, non, cher Julien !
Tout est parfait…
J’ai bonne mémoire et je suis en forme pour d’autres aventures aimables !
Mais… c’est la matière… la matière !
Je sais, oui, je sais ce que c’est…
J’ai compris : j’en suis sûr.
Ah, ah… C’est génial !
— Dis-nous donc tout… ce que nous pouvons entendre, mon cher Basile !
Le vieil oncle que je suis est tout ouï, malgré mon éducation chez les jésuites, peut-être un peu dépassée ?
Faut-il délaisser le Saint-Honoré commandé par Gertrude chez Dalloyau en l’honneur des anniversaires de Yidir et de Tomas ?
C’est le gâteau préféré de ce dernier, d’après les informations soutirées de parts et d’autres.
Les bougies de leurs trente ans sont déjà allumées !
C’est aujourd’hui pour Yidir et après-demain pour Tomas.
Julien débouche une bouteille de champagne, sans plus trop en savoir la raison !
— Sacré Basile… ce qui est formidable, c’est que nous sommes tous prêts à te suivre… quoi que tu proposes !
Dis-nous ce que tu as trouvé ?
Enchante-nous ; ce sera à toi aussi de souffler les bougies !
L’équipe est attentive aux explications du jeune homme, qui les surprend tous :
— C’est de l’orichalque !
Avec ce papyrus étrange, nous sommes enfin devant la réalité du mystérieux alliage dont parlent tant d’écrivains, de Platon à Jules Verne.
L’orichalque peut prendre toutes les formes, toutes les textures ; être de toutes les matières.
Les légendes au fil des siècles et des millénaires, en ont fait un soi-disant métal aussi précieux que l’or, qui était d’usage courant autrefois.
Il était dit extrait de nombreuses mines, pourtant aujourd’hui bizarrement épuisées et introuvables. D’autres scientifiques l’ont réduit à du vulgaire laiton.
Pour ma part, je pense — je suis certain — qu’il s’agit bien d’un alliage issu des molécules de l’atmosphère, assemblées par fusion spontanée.
Ma conclusion : il était utilisé chez les Atlantes afin de réaliser toutes copies d’objets, grâce à des machines réplicantes, disparues depuis bien longtemps.
Dans beaucoup de mes jeux, comme dans certains films et mangas, l’orichalque est cité, son utilisation commune !
Il aurait sa raison d’être, dans bien d’autres civilisations disparues : Jules Verne en parle dans son Voyage au centre de la Terre, avec le système d’éclairage utilisé par le peuple de Thulé ; enfin dans la série animée Les Cités d’or, par exemple, le Grand Condor de Tao serait en orichalque !
— Oh, mon ami, c’est du peuple de Mu dont tu parles : les ancêtres fort fort lointains de ma chère maman, à ce qu’elle aime en dire !
C’est incroyable…
Tu as raison, Basile : tout serait lié, comme l’explique le livre que nous avons trouvé à la Maison des Légendes !
Tous, comme Nancy, sont séduits devant les riches connaissances de Basile dans ce domaine, qui permettent d’étayer son idée. Cela ne laisse personne indifférent.
En effet, même si l’on entre dans le fantastique — plutôt que dans le cartésien — en donnant ce nom d’orichalque à la mystérieuse matière inconnue, c’est une porte nouvelle qui s’ouvre sur les recherches à venir.
L’orichalque, c’est évidemment avant tout le lien avec le mystère de l’Atlantide !
Un mythe qui deviendrait réalité : le papyrus a été trouvé dans la montagne, dans l’Atlas… « l’île », en grec ancien. Tout pourrait s’expliquer !
Les cylindres y auraient été déposés par un survivant de la grande immersion, ce raz de marée géant dont parle Platon, qui détruisit tout le royaume, que certains pensent toujours imaginaire.
Pierre Benoît aurait donc peut-être vu juste en situant cette grande cité en Afrique du Nord ?
Tant de légendes autour de quelques phrases rapportées par un philosophe grec !
La fièvre emplit davantage les esprits.
Basile est à l’honneur.
Les anniversaires sont presque secondaires face à cette nouvelle opportunité de recherches. Le gâteau, comme le champagne, égaillent davantage les amis.
Paul admet l’hypothèse.
Il l’estime finalement plutôt scientifique, même réaliste, avec beaucoup d’humilité : si l’on se projette dans un monde ayant une technologie supérieure à celle d’aujourd’hui.
Cela le rassure même, pensant déjà effectuer de nouvelles études sur le fragment, sous un autre regard.
Les vingt mètres de rouleau nous conteraient donc l’histoire de l’Atlantide ?
Il ne nous manque plus que le bon traducteur pour confirmer l’hypothèse.
Julien peut enfin expliquer la soirée qui s’annonce.
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pour me contacter : yvesdefrancqueville@yahoo.fr
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L'affaire du papyrus berbère est un récit initiatique, première partie des Amours d'un autre monde, épisode 1 du Cycle de Thulé des écrits de Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste en herbe.
tous droits réservés ©.
Toute phrase sortie de son contexte pour un usage fallacieux sera considérée comme acte détestable de manipulation et sera rejetée par l'auteur qui accueille la légitimité de cet écrit uniquement reçu dans son intégralité.
Si le nom de l'auteur Yves Philippe de Francqueville apparaît souvent, c'est pour donner de l'aisance aux moteurs de recherche…
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Vous avez lu le chapitre trois :
Sacré Julien !
de la troisième partie
Basile
du livre
L'affaire du papyrus berbère
écrit par Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste en herbe.
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Basile
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L'affaire du papyrus berbère
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