Yves Philippe de Francqueville
Pirate des mots
et Philanalyste en herbe
vous propose en ligne
L'affaire du papyrus berbère
seconde partie :
Julien
Chapitre second :
Interlude télévisuel
un récit initiatique
chapitre par chapitre…
à découvrir chaque semaine
ou dans sa continuité, selon l'espace-temps !
Pirate des mots
et Philanalyste en herbe
vous propose en ligne
L'affaire du papyrus berbère
seconde partie :
Julien
Chapitre second :
Interlude télévisuel
un récit initiatique
chapitre par chapitre…
à découvrir chaque semaine
ou dans sa continuité, selon l'espace-temps !
Un récit
autour et au-delà
du Cycle de l’Austrel :
Le Cycle de Thulé
Épisode 1
L’affaire
du papyrus berbère
Les amours
d’un autre monde
première partie
© Saint-Aël 2019
Traduit de l’américain
par Olam Salomon P.
Seconde version supervisée
par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE,
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
à Montpellier, mmxix.
Imprimé pour le plaisir,
aux dépens de l'auteur,
sans l'approbation, ni les privilèges…
de ceux qui pensent être dépositaires
de la vérité et, donc, des pouvoirs…
D’après HÉRACLITE,
En relecture libérée de toute gravité :
« La dispute est mère de toute rencontre et de toute création »
Si vous avez manqué le début du récit,
d'un clic allez au prologue : La Maison des Légendes
ou alors :
d'un clic allez au prologue : La Maison des Légendes
ou alors :
Suite de la seconde partie
Chapitre second
Interlude télévisuel
Ce soir, c’est « L’histoire sous un autre regard », le show de Julien Papire. Un des très rares « directs » à la télévision.
Peut-être le dernier ?
Hélas, la censure officielle exige de plus en plus de montages, qui prennent davantage de temps que la grosse minute de décalage entre la prise de vue et l’image reçue par le public, devant son poste, chez lui.
Même si Tomas déteste cette émission racoleuse et surfaite, il en sera pour cette fois un spectateur assez attentif.
Julien Papire est insupportable quand il s’étale à l’écran, pourtant il a une bonne tête — la classe même — et semble plutôt instruit… son jeu télévisuel le dessert et c’est dommage : il sur-joue continuellement pour cacher très probablement sa timidité liée à une grande part homophile plutôt intéressante à étudier… selon l’analyse de Tomas.
Une secrétaire du présentateur avait fait une offre pour sa présence à l’antenne… en vain.
Des bières au frais, une à la main, il a préféré être seul face aux écrans : son ordinateur portable calé contre Sumo qui est revenu s’allonger sur ses jambes, le voici avachi devant la télévision.
Le sujet s’intitule :
Peut-être le dernier ?
Hélas, la censure officielle exige de plus en plus de montages, qui prennent davantage de temps que la grosse minute de décalage entre la prise de vue et l’image reçue par le public, devant son poste, chez lui.
Même si Tomas déteste cette émission racoleuse et surfaite, il en sera pour cette fois un spectateur assez attentif.
Julien Papire est insupportable quand il s’étale à l’écran, pourtant il a une bonne tête — la classe même — et semble plutôt instruit… son jeu télévisuel le dessert et c’est dommage : il sur-joue continuellement pour cacher très probablement sa timidité liée à une grande part homophile plutôt intéressante à étudier… selon l’analyse de Tomas.
Une secrétaire du présentateur avait fait une offre pour sa présence à l’antenne… en vain.
Des bières au frais, une à la main, il a préféré être seul face aux écrans : son ordinateur portable calé contre Sumo qui est revenu s’allonger sur ses jambes, le voici avachi devant la télévision.
Le sujet s’intitule :
l’affaire du papyrus berbère.
À Paris, Nancy et Yidir regardent l’émission — davantage par défaut. Même s’ils ont refusé d’y participer, leurs interventions sur Agadir seront certainement utilisées.
BFN-TV offre tout d’abord aux téléspectateurs, sa célèbre « revue de presse internationale », en zapping accéléré.
Se suivent les meilleurs propos tenus, les plus drôles ou les plus ridicules parfois, sur le sujet choisi.
Il s’en est dit de belles, depuis trois semaines !
Un résumé, construit sans respecter la chronologie des communications, est présenté comme un flash info de deux minutes…
Julien Papire, à pleines dents, jubile.
Il parade devant son public :
— L’alphabet poissons…
Combien ont mordu à l’hameçon ?
Le canular géant qui s’est vite dégonflé !
D’aucuns voulaient pousser le bouchon un peu loin…
C’est une mauvaise blague un peu trop vaseuse !
Une histoire qui prend l’eau !
Maintenant tout le monde se marre…
Ah ah ah !
Un Journaliste de TF1, sûr de lui :
— L’histoire était trop belle.
La science en a décidé autrement !
Les experts ont tranché.
Yidir, en colère :
— C’est trop vite expédié…
Je demande une véritable expertise !
Le papyrus est un original.
Ce n’est pas une escroquerie.
Slyman Bassaïne, le journaliste local d’Agadir, amicalement :
— Alors… vous y croyez donc encore à votre trésor ?
Nancy, un peu stressée :
— Je n’y crois pas… je le sais vrai…
Je veux pouvoir examiner le papyrus !
S’il n’a pas d’intérêt réel, quelle est la raison du refus des autorités marocaines ?
Pourquoi l’accès en est interdit ?
Slyman Bassaïne :
— Vous pensez que les scientifiques nous cachent quelque chose ?
Qu’il y a mensonge ?
Les religieux sont peut-être dans la crainte d’une révélation embarrassante ?
Un journaliste salafiste de R-Maroc :
— Allah est grand !
Ceux qui osent le mensonge sont toujours punis.
Un journaliste allemand (ZDF) :
— La prudence de la presse est bien nécessaire face à toutes ces pseudo trouvailles qui semblent extraordinaires !
Les Nazis voulaient retrouver l’origine des Aryens, dans la légende de Thulé !
Yidir, avec assurance :
— C’est choquant…
L’authenticité de ce papyrus peut être prouvée…
Un journaliste américain (NBC) :
— Certains attendaient beaucoup de ce Papyrus du Toubkal… La supercherie était évidente !
Roswell, le retour ?
Il est temps d’en finir avec la rumeur.
Slyman Bassaïne, dépité :
— Il faut bien reconnaître la présence de micro-pixels dans l’impression ; c’est incroyable.
Nancy, tout en douceur :
— Cette écriture est étrange !
J’avoue vraiment ne pas comprendre comment elle a pu être écrite, ou imprimée…
Un texte fort fort long…
Vingt mètres de canular ? C’est étrange !
Un journaliste anglais (BBC) :
— Oui, après les Crops Circle et tous ces signes mystérieux dans le ciel…
Et si la vérité était ailleurs ?
Pourquoi ne pas admettre la véracité du papyrus à l’alphabet poissons ?
Sa source est peut-être extraterrestre ?
Yidir, convaincu :
— Est-ce la mémoire d’un peuple ancien, oublié…
Au Maroc ? En lien avec les Berbères ?
Une civilisation très évoluée ?
Slyman Bassaïne, interrogatif, s’adressant encore à Nancy :
— Ce papyrus, trouvé dans le Haut Atlas ?
Vous prétendez qu’il aurait près de cinq mille ans…
Nancy, énervée :
— Non, je ne prétends rien !
Ce sont les premiers résultats scientifiques qui semblent l’affirmer…
Moi, je m’intéresse à cette écriture : à l’alphabet inconnu !
Le journaliste de « Quotidien », avec son humour habituel :
— Le papyrus découvert au Maroc, entre révélation et déception : nous avons enfin reçu l’histoire de l’Atlantide… mais personne ne sait comment la lire !
De lourds éclats de rires du public, pas du tout commandés, sur le plateau d’enregistrement.
C’est la fin du zapping.
Maintenant, en direct, le débat aux studios de BFN-TV.
« 23 H 15 » à l’horloge de la chaîne d’informations continues.
Julien Papire s’est entouré de quelques personnalités habituées des plateaux de télévision.
Il présente ce soir une équipe de choc : Monseigneur Millefeuilles, archevêque de Paris ; Yasid Ramadan, imam de La Courneuve ; le sociologue historien Pierre Vatil-Niquet, ainsi que les philosophes Emmanuelle Cespedès et Bernard-Henry Lavis.
Gros plan sur le papyrus du Toubkal.
Julien Papire, cynique, mène le bal comme de coutume devant ses fidèles, avec les jeux de scène orchestrés pour offrir un show à l’audience respectable, malgré l’heure tardive du direct :
— Bonsoir bonsoir, cher public !
Après cette petite revue de presse internationale… nous allons poursuivre l’information, afin de découvrir ensemble ce qu’en pensent les spécialistes !
Que vont-ils nous dire à propos des origines et du contenu de ce texte improbable ?
Oui, nous avons donc un rouleau de vingt mètres — en papyrus — dans un état de conservation remarquable.
J’ai calculé : cela équivaut à peu près à un livre de six à sept-cents pages…
Les experts scientifiques nous annoncent une datation probable autour de quatre à cinq mille ans, ce qui est — au jour d’aujourd’hui — un cas unique.
J’ai vérifié.
S’il n’était pas écrit avec un alphabet inconnu, et imprimé au jet d’encre ou au laser, ce serait une révélation…
Ah ah ah !
Certainement nous aurions un nouveau livre sacré !
Peut-être est-ce un livre sacré ?
Il fait bien le poids d’une Bible ou d’un Coran !
Ah ah ah !
Là est tout le mystère.
Les spécialistes parlent d’imposture.
Imposture ?
Si imposture il y a…
Qui donc a pu fabriquer cette imposture ?
Pourquoi ? Pour qui ?
Si bien entendu… imposture il y a !
Dieu parle aux prophètes, soit… mais sait-il se servir d’une imprimante ?
Ah ah ah…
Étrange n’est-ce pas ?
Incroyable histoire.
Oh…
L’on me dit que des SMS arrivent déjà en grand nombre pour évoquer, je cite : « des êtres venus d’ailleurs », « un message du futur » ou « le testament d’une civilisation ancienne, disparue » !
Des extra-terrestres qui nous auraient envoyé un coucou d’une lointaine galaxie ?
Hum… vingt mètres sur papyrus pour dire « bonjour, on veut parler avec vous », ce n’est pas aussi moderne qu’un SMS en tous les cas !
Ah ah ah !
Moi, l’idée d’un vestige venu d’une très ancienne civilisation…
Un écrit de l’Atlantide ?
Oui, cela me plaît bien comme hypothèse.
Un récit sur la vie idéale, dans la jouissance parfaite ? J’imagine un de mes ancêtres, contant son histoire avant le déluge, entouré des plus jolies femmes du monde : un paradis oublié ?
Serions-nous en présence d’une « Bible atlante », révélant une religion primitive, avec d’autres dieux ?
Pourquoi pas ?
Dans tous les cas… ce n’est certainement pas la liste des courses de la ménagère de moins de cinquante ans, du temps des cavernes !
Ah ah ah !
Alors alors… est-ce le plus gros canular du siècle ?
Ça fait son poids…
Ou est-ce que ce papyrus, s’il était finalement authentique, pourrait remettre en question toutes nos certitudes, peut-être plus fragiles qu’elles ne le paraissent ?
Voilà, cher public, le débat est ouvert !
Ce soir, nous vous proposons :
BFN-TV offre tout d’abord aux téléspectateurs, sa célèbre « revue de presse internationale », en zapping accéléré.
Se suivent les meilleurs propos tenus, les plus drôles ou les plus ridicules parfois, sur le sujet choisi.
Il s’en est dit de belles, depuis trois semaines !
Un résumé, construit sans respecter la chronologie des communications, est présenté comme un flash info de deux minutes…
Julien Papire, à pleines dents, jubile.
Il parade devant son public :
— L’alphabet poissons…
Combien ont mordu à l’hameçon ?
Le canular géant qui s’est vite dégonflé !
D’aucuns voulaient pousser le bouchon un peu loin…
C’est une mauvaise blague un peu trop vaseuse !
Une histoire qui prend l’eau !
Maintenant tout le monde se marre…
Ah ah ah !
Un Journaliste de TF1, sûr de lui :
— L’histoire était trop belle.
La science en a décidé autrement !
Les experts ont tranché.
Yidir, en colère :
— C’est trop vite expédié…
Je demande une véritable expertise !
Le papyrus est un original.
Ce n’est pas une escroquerie.
Slyman Bassaïne, le journaliste local d’Agadir, amicalement :
— Alors… vous y croyez donc encore à votre trésor ?
Nancy, un peu stressée :
— Je n’y crois pas… je le sais vrai…
Je veux pouvoir examiner le papyrus !
S’il n’a pas d’intérêt réel, quelle est la raison du refus des autorités marocaines ?
Pourquoi l’accès en est interdit ?
Slyman Bassaïne :
— Vous pensez que les scientifiques nous cachent quelque chose ?
Qu’il y a mensonge ?
Les religieux sont peut-être dans la crainte d’une révélation embarrassante ?
Un journaliste salafiste de R-Maroc :
— Allah est grand !
Ceux qui osent le mensonge sont toujours punis.
Un journaliste allemand (ZDF) :
— La prudence de la presse est bien nécessaire face à toutes ces pseudo trouvailles qui semblent extraordinaires !
Les Nazis voulaient retrouver l’origine des Aryens, dans la légende de Thulé !
Yidir, avec assurance :
— C’est choquant…
L’authenticité de ce papyrus peut être prouvée…
Un journaliste américain (NBC) :
— Certains attendaient beaucoup de ce Papyrus du Toubkal… La supercherie était évidente !
Roswell, le retour ?
Il est temps d’en finir avec la rumeur.
Slyman Bassaïne, dépité :
— Il faut bien reconnaître la présence de micro-pixels dans l’impression ; c’est incroyable.
Nancy, tout en douceur :
— Cette écriture est étrange !
J’avoue vraiment ne pas comprendre comment elle a pu être écrite, ou imprimée…
Un texte fort fort long…
Vingt mètres de canular ? C’est étrange !
Un journaliste anglais (BBC) :
— Oui, après les Crops Circle et tous ces signes mystérieux dans le ciel…
Et si la vérité était ailleurs ?
Pourquoi ne pas admettre la véracité du papyrus à l’alphabet poissons ?
Sa source est peut-être extraterrestre ?
Yidir, convaincu :
— Est-ce la mémoire d’un peuple ancien, oublié…
Au Maroc ? En lien avec les Berbères ?
Une civilisation très évoluée ?
Slyman Bassaïne, interrogatif, s’adressant encore à Nancy :
— Ce papyrus, trouvé dans le Haut Atlas ?
Vous prétendez qu’il aurait près de cinq mille ans…
Nancy, énervée :
— Non, je ne prétends rien !
Ce sont les premiers résultats scientifiques qui semblent l’affirmer…
Moi, je m’intéresse à cette écriture : à l’alphabet inconnu !
Le journaliste de « Quotidien », avec son humour habituel :
— Le papyrus découvert au Maroc, entre révélation et déception : nous avons enfin reçu l’histoire de l’Atlantide… mais personne ne sait comment la lire !
De lourds éclats de rires du public, pas du tout commandés, sur le plateau d’enregistrement.
C’est la fin du zapping.
Maintenant, en direct, le débat aux studios de BFN-TV.
« 23 H 15 » à l’horloge de la chaîne d’informations continues.
Julien Papire s’est entouré de quelques personnalités habituées des plateaux de télévision.
Il présente ce soir une équipe de choc : Monseigneur Millefeuilles, archevêque de Paris ; Yasid Ramadan, imam de La Courneuve ; le sociologue historien Pierre Vatil-Niquet, ainsi que les philosophes Emmanuelle Cespedès et Bernard-Henry Lavis.
Gros plan sur le papyrus du Toubkal.
Julien Papire, cynique, mène le bal comme de coutume devant ses fidèles, avec les jeux de scène orchestrés pour offrir un show à l’audience respectable, malgré l’heure tardive du direct :
— Bonsoir bonsoir, cher public !
Après cette petite revue de presse internationale… nous allons poursuivre l’information, afin de découvrir ensemble ce qu’en pensent les spécialistes !
Que vont-ils nous dire à propos des origines et du contenu de ce texte improbable ?
Oui, nous avons donc un rouleau de vingt mètres — en papyrus — dans un état de conservation remarquable.
J’ai calculé : cela équivaut à peu près à un livre de six à sept-cents pages…
Les experts scientifiques nous annoncent une datation probable autour de quatre à cinq mille ans, ce qui est — au jour d’aujourd’hui — un cas unique.
J’ai vérifié.
S’il n’était pas écrit avec un alphabet inconnu, et imprimé au jet d’encre ou au laser, ce serait une révélation…
Ah ah ah !
Certainement nous aurions un nouveau livre sacré !
Peut-être est-ce un livre sacré ?
Il fait bien le poids d’une Bible ou d’un Coran !
Ah ah ah !
Là est tout le mystère.
Les spécialistes parlent d’imposture.
Imposture ?
Si imposture il y a…
Qui donc a pu fabriquer cette imposture ?
Pourquoi ? Pour qui ?
Si bien entendu… imposture il y a !
Dieu parle aux prophètes, soit… mais sait-il se servir d’une imprimante ?
Ah ah ah…
Étrange n’est-ce pas ?
Incroyable histoire.
Oh…
L’on me dit que des SMS arrivent déjà en grand nombre pour évoquer, je cite : « des êtres venus d’ailleurs », « un message du futur » ou « le testament d’une civilisation ancienne, disparue » !
Des extra-terrestres qui nous auraient envoyé un coucou d’une lointaine galaxie ?
Hum… vingt mètres sur papyrus pour dire « bonjour, on veut parler avec vous », ce n’est pas aussi moderne qu’un SMS en tous les cas !
Ah ah ah !
Moi, l’idée d’un vestige venu d’une très ancienne civilisation…
Un écrit de l’Atlantide ?
Oui, cela me plaît bien comme hypothèse.
Un récit sur la vie idéale, dans la jouissance parfaite ? J’imagine un de mes ancêtres, contant son histoire avant le déluge, entouré des plus jolies femmes du monde : un paradis oublié ?
Serions-nous en présence d’une « Bible atlante », révélant une religion primitive, avec d’autres dieux ?
Pourquoi pas ?
Dans tous les cas… ce n’est certainement pas la liste des courses de la ménagère de moins de cinquante ans, du temps des cavernes !
Ah ah ah !
Alors alors… est-ce le plus gros canular du siècle ?
Ça fait son poids…
Ou est-ce que ce papyrus, s’il était finalement authentique, pourrait remettre en question toutes nos certitudes, peut-être plus fragiles qu’elles ne le paraissent ?
Voilà, cher public, le débat est ouvert !
Ce soir, nous vous proposons :
« L’histoire sous un autre regard ».
La parole est à vous, Monseigneur Millefeuilles, Archevêque de Paris… car vous êtes le doyen de notre assemblée.
— Eh bien, se dit Tomas, cela risque d’être fumeux…
Je ne sais pas si je vais tenir toute la soirée !
Monseigneur Millefeuilles ajuste avec soin les plis de sa soutane violette ; il replace son petit couvre-chef sur un crâne dégarni depuis certainement fort longtemps et toussote, afin de prendre davantage d’assurance.
Il répond gravement :
— Mon Dieu, mon Dieu !
Il faut prier pour retrouver le paradis perdu par le péché !
Le rêve de l’Atlantide est une illusion collective, qui voudrait nous faire oublier le Diable !
Oui, je comprends bien ces jeunes et moins jeunes, en grand nombre égarés dans notre monde matérialiste, sans avenir.
Cette crise sociale est une crise spirituelle.
Voilà ce qui arrive, lorsque l’on oublie l’amour de Dieu.
Regardez le peuple en quête de jouissance qui veut tout, sans effort, sans sacrifice.
Maintenant qu’il y a l’égarement de croire en un paradis terrestre onirique, c’est la folie chez beaucoup.
La morale se perd dans la débauche.
Cela n’apportera rien de bon de rechercher un sens quelconque à cette fumisterie d’alphabet poissons.
Il n’y a vraiment rien à en recevoir.
Les experts sont formels sur ce point.
Cette détestable imposture a heureusement été dénoncée au plus vite, par des savants honnêtes.
Quelques proies fragiles sont hélas tombées dans le piège construit par je ne sais quelle secte diabolique !
Oui, parce que seul le Diable peut désorienter l’homme et le fourvoyer de la vérité : écoutant la voix satanique, il rejette alors la crainte de Dieu pour risquer les Enfers.
Hommes de bonne volonté, oubliez cet obscur papyrus et revenez vers la vérité.
La sainte Bible est la parole de Dieu. Il n’y a pas d’autre écrit révélé.
Dieu vous aime.
Yasid Ramadan transpire à grosses gouttes sous sa djellaba. Il se contient pour ne pas exploser de colère.
À la grande surprise de Tomas, c’est un jeune homme de la trentaine comme lui, qui fait presque gamin.
Il serait d’ailleurs plutôt mignon sans cette barbe éparse, mal taillée, et s’il était débarrassé de son accoutrement de religieux fanatique.
Il souhaite impatiemment prendre à son tour la parole.
C’est accueilli favorablement, par un signe de tête de Julien Papire.
— Mon frère, le professeur Farid Ramadan, a été le témoin direct de cette odieuse mystification.
C’est lui qui a dénoncé, par la science, la supercherie qui était pourtant bien évidente, à la lecture du Saint Coran.
Oui, le Saint Coran qui est, Monseigneur, le dernier livre sacré, révélé au Prophète.
Qu’Allah bénisse son nom.
Nous, les musulmans, nous ne nions pas que la Bible soit pleine de révélations et même de sagesses, malgré ses multiples traductions et ses incertitudes apportées de la main des hommes. Nous savons, vous savez, qu’elle annonce la venue du Paraclet : le dernier messager, Notre Prophète.
Alors pas de mensonges !
Pas de blasphèmes !
Ne nous faites pas injure, en refusant de croire au Saint Coran.
Ah, les incrédules et les mécréants veulent toujours des preuves à dimension humaine.
C’est l’Enfer assuré pour ceux qui sont sourds à la parole du prophète.
Oui !
Je reviens sur ce maudit papyrus.
Sacrilège que d’avoir créé un tel canular, en pleine terre de l’Islam !
Nous ne savons pas encore qui en est l’auteur.
Lorsqu’il sera découvert, Allah m’en est témoin, il sera châtié !
Et sur Terre…
Et en Enfer.
Julien Papire rétorque à l’imam :
— Je ne comprends pas votre courroux, Monsieur Ramadan !
L’ancienneté de ce papyrus — trouvé dans le Haut Atlas — est bien antérieure aux conquêtes arabes et mahométanes !
Des propos mêmes rapportés de votre frère, le docteur, n’est-ce pas ?
J’ai pu m’informer lors de la préparation de cette émission. Un de mes oncles, professeur au CNRS de Lyon, est prêt à confirmer la datation si on lui donne un fragment à étudier.
Pourquoi ce rejet total ?
Si vous n’avez pas peur de la Bible, par exemple, comment l’Islam pourrait être menacé par un autre document, antérieur lui aussi au Coran ?
Yasid Ramadan, sûr de lui, reprend son discours religieux :
— L’Islam, non, bien entendu !
Il n’y a pas d’autre crainte que celle envers Allah le tout puissant et le miséricordieux.
Pourtant, la foi du croyant est bien fragile : le peuple ne doit pas être soumis à la faute.
Le prophète incite à la prudence.
De tels jeux d’illusions sataniques peuvent dévoyer les fidèles, les conduire en Enfer.
Je suis là, en tant qu’imam, afin de veiller particulièrement sur les êtres les plus faibles.
Je n’ai bien entendu surtout pas peur d’un faux semblant de texte, qui n’a aucun sens réel.
Julien Papire, un peu gêné par la tournure que prend son émission, tente de redistribuer les cartes.
— Bien, bien, bien, heureusement que mon oncle rabbin a décliné l’invitation…
Nous avons compris que les religieux n’ont pas d’autres inquiétudes que de rassembler leurs brebis égarées !
Ce papyrus ne les intéresse pas vraiment.
Il est fort ancien… personne ne le nie.
Son écriture reste une énigme, soit, à savoir comment cela fut imprimé…
Vraiment, je me pose toujours la question : que pourraient bien signifier ces vingt mètres de signes géométriques ?
Même s’ils ont été réalisés à l’imprimante, hier ou aujourd’hui… nous sommes des dizaines de millions de curieux à attendre la réponse !
Sommes-nous dans la fable du Renard et des raisins ? Oui, ne pas réussir à déchiffrer l’alphabet poissons, et alors rejeter le papyrus en prétendant qu’il n’y a rien à comprendre ?
C’est peut-être un peu trop simpliste !
Le mystère autour de cette écriture suffit-il à prouver le canular ?
Si nous écoutions maintenant la voix des philosophes et des historiens ?
Le tirage au sort vous a donné la parole Monsieur Lavis, en cette époque étrange où l’égalité des sexes est prônée dans certains domaines, mais pas dans d’autres.
Oui, c’est bizarre en effet : ce soir, je n’ai pas trouvé d’Imam, ni d’Archevêque à conjuguer au féminin !
Ah ah ah !
Nous espérons votre verbe éclairé, qui permettrait d’autres ouvertures dans ce débat.
Bernard-Henry Lavis arbore, comme à son habitude, sa célèbre chemise blanche largement ouverte jusqu’au nombril.
La mine sévère, il commence par tirer à vue :
— Donner la parole à des religieux pour lancer une discussion si sérieuse sur l’histoire, je juge cela vraiment réducteur et désolant.
L’Islam comme le Christianisme ont toujours attisé les guerres, provoqué les pogroms et laissé s’accomplir les génocides.
Yasid Ramadan et Monseigneur Millefeuilles, tout à coup singulièrement solidaires, se lèvent, s’insurgent, crient au scandale… au grand plaisir du public et de Julien Papire.
Il invite comme d’habitude au silence, et à respecter la parole de chacun.
Bernard-Henry Lavis, content de son numéro certainement préparé, poursuit son sketch :
— Oui, l’inquiétude est palpable dans notre civilisation qui manque cruellement de repères.
La faiblesse des peuples est de vouloir être soumis à un dieu ou un autre, sans prendre conscience de la nature humaine.
Il y a une hiérarchie à respecter dans les origines de tous et chacun, avec philosophie.
Maintenant, pour ouvrir vraiment le débat sur ce pseudo papyrus, je m’insurge devant une telle récupération !
Ne parlons même pas de l’illusion « extra-terrestre » : un philosophe ne s’intéresse pas aux affabulations pouvant faire croire à de petits hommes verts qui viendraient nous rencontrer, après un long voyage à travers l’univers… c’est absurde.
Notre monde est unique.
Il y a une seule Terre.
Et si même d’autres « possibles » s’avéraient, la réalité de l’espace-temps ne pourrait permettre la moindre rencontre !
Ah, Julien Papire ! Si je n’étais pas habitué à vos shows, où vous menez avec talent la dérision et le ridicule… je serai presque inquiet par vos propos exposés en d’autres lieux ; je les pense fort dangereux s’ils étaient repris par quelques extrémistes et autres sombres démagogues !
Cela dit, voyons donc maintenant la situation sous un regard purement philosophique !
Oui, quel individu doté d’un minimum de bon sens, saurait voir en étudiant de près ce pseudo papyrus, les traces de civilisations évoluées antérieures à ce que nous savons de la Grèce Antique ou des Pharaons d’Égypte ?
Cela n’est pas possible.
Et parler de l’Atlantique… pardon, de l’Atlantide !
Ah, l’Atlantide, au Maroc en plus…
C’est d’un ridicule !
Pierre Vatil-Niquet est dans son élément… c’est sa tasse de thé !
Il jubile en prenant son tour :
— Ah… oui !
Merci mon cher Bernard-Henry !
Merci de rappeler la réalité des faits.
L’Atlantide ?
Que c’est absurde.
Pareillement stupide que vos petits hommes verts !
C’est une thèse récurrente des sociétés en mal d’un passé glorieux.
« Il n’y a pas à chercher l’Atlantide, ni dans les profondeurs du temps, ni dans celles de la mer ».
Encore moins dans quelques montagnes africaines.
L’illusion a fait déjà tant de ravages. Il faut rejeter toute idée que ce pseudo papyrus, à l’écriture chimérique, puisse donner matière à imaginer un continent disparu, où des peuples seraient à vivre un idéal sans foi ni loi.
J’ai pris quelques minutes afin d’étudier cette suite de signes géométriques sans intérêt, que d’aucuns osent appeler alphabet poissons.
C’est d’un ridicule !
L’incohérence est totale.
Julien Papire laisse Bernard-Henry Lavis faire monter la sauce, en lui permettant de compléter les dires de son ami, davantage sociologue, ce soir, qu’historien :
— Chacun sait aujourd'hui que mettre à la lumière un passé légendaire peut faire surgir de « nouvelles barbaries à visage humain » !
Nous, les philosophes, nous devons garantir aux peuples l’assurance d’une paix fraternelle. Et je suis prêt à faire la guerre pour ça.
Il ne faut pas laisser la moindre prise au mensonge : tricher à propos de notre passé, c’est jouer le jeu des révisionnistes.
Ce manuscrit qui n’en est pas un — puisqu’il serait écrit par des machines — est vraiment dangereux, même sans exister !
Il n’existe pas en effet, puisque son écriture n’en est pas une.
C’était évident pour toute personne sensée… et c’est donc maintenant prouvé scientifiquement par les chercheurs : il n’y a pas d’alphabet poissons.
Julien Papire parait inquiet.
Changeant la donne, il semble même déçu. Sa répartie n’est plus dans l’humour ou la dérision :
— Incroyable !
Serait-ce l’unanimité autour de cette table ?
C’est plutôt rare dans nos studios !
À vous entendre, ce papyrus n’est vraiment pas de bon augure ?
Êtes-vous donc tous d’accord, pour rejeter l’idée d’une œuvre venue de l’espace ou issue d’un monde oublié ?
Cette écriture à l’alphabet poissons, cette suite de signes — des lettres peut-être — que je trouve plutôt plaisante à inviter à la lecture, semble pourtant bien réelle !
Avons-nous un autre regard ?
Peut-être…
Madame ?
Qu’en pense notre jeune philosophe qui monte ?
Emmanuelle Cespedès s’impatientait sérieusement !
Elle se savait invitée en tant qu’outsider… pour réveiller le public si besoin.
— Je veux bien être qualifiée de jeune, car la jeunesse est un état d’esprit.
J’ose la jeunesse !
Je suis assurément la plus jeune de cette assemblée… que je trouve hélas très très vieille, par son manque d’audace et d’ambition pour les humains !
Merci de m’accorder le titre de philosophe, qu’un certain monsieur ici s’octroie, sans que bien des officiels ne le reconnaissent comme tel… mais bon…
C’est le grand jeu pour Julien Papire, qui, sous les huées du public, doit séparer Emmanuelle Cespedès de Bernard-Henry Lavis.
Ce dernier la menace ouvertement de quelques actes de violence, et dans ses propres termes, qu’on lui connaît bien : de lui péter la gueule à cette gonzesse…
— Cela devient presque amusant, dit Tomas, parlant à lui-même.
Il coupe le son, tout en se levant.
La pose publicitaire a son utilité : le temps d’uriner et de rechercher une bière fraîche.
Sumo apprécie la démarche et se rend également à la cuisine pour quelques petites croquettes et un gros pipi…
Après ce court entracte, la « jeune philosophe » poursuit, avec une réelle jouissance, son numéro bien orchestré :
— Devant ce mystère, Julien, j’ose le dire à cette assemblée : êtes-vous tous devenus si vieux de certitudes, à ne plus être en mesure de vous émerveiller ?
Je préfère donner la chance à ce papyrus, plutôt que de laisser la peur ou l’indifférence me gagner !
En trois coups de cuillère à pot, avec vous, c’est réglé : il y a fumisterie, mensonge, scandale…
Il suffirait selon vous de quelques minutes de recherches et la conclusion s’impose ?
Il faudrait donc écouter la parole des maîtres : vous, les sages — les gardiens de la vérité et de l’ordre moral — vous qui agissez soi-disant en protecteurs des faibles…
Pourquoi toujours considérer les peuples comme incapables de penser par eux-mêmes ?
Quoi que vous supposiez d’une manière hâtive et peureuse, nous avons vraiment un texte mystérieux… Là, devant nous : il existe bien.
Qui oserait réaliser, sur un papyrus de vingt mètres, des centaines de milliers de signes, puis le placer dans la montagne, sans que cela ait un sens réel ?
Je me moque de la manière dont il a été écrit ou reproduit.
Je suis juste curieuse de connaître la signification de cet alphabet poissons, pour en lire un jour son ensemble.
Oui, pourquoi, aux dires de deux ou trois experts spécialistes, dont l’indépendance religieuse ou politique est assurément nulle, ces seuls « savants à la solde du système », seraient les garants d’une vérité reprise par vous tous ici présents ?
Nous interdire l’accès à la connaissance est la plus grave atteinte à la liberté.
— Vous dites n’importe quoi !
Les ordinateurs ont déjà tenté de trouver un quelconque encodage ; des chercheurs indépendants ont déjà remis leurs rapports : l’alphabet poissons est incohérent, d’une incohérence totale !
C’est prouvé scientifiquement, rétorque Pierre Vatil-Niquet.
Emmanuelle Cespedès ne se laisse pas abattre :
— Combien de temps a-t-il fallu aux alliés pour comprendre Énigma ?
Et de siècles, voire de millénaires, pour saisir le sens des hiéroglyphes ?
Julien Papire se rassure.
Il reprend la direction de la discussion, avec sa touche personnelle, manifestant toujours un semblant d’ironie :
— Des siècles, voire des millénaires ?
Bon… je n’attendrai pas si longtemps…
Merci d’avoir relancé le débat avec cette fougue qui fait votre réputation, surtout auprès de la jeunesse, ma chère Emmanuelle.
Vous nous parlerez de « S’aimer », votre dernier livre, en fin d’émission. Je l’ai beaucoup apprécié.
Bien, bien, bien…
J’espère donc que des audacieux talentueux vont œuvrer et réussir à dévoiler le mystère autour de cet alphabet poissons… avant que nous ne soyons tous morts !
Cette situation me rappelle le film Stargate, La Porte des Étoiles… oui !
Oui… tant que nous ne savons pas, tant que nous ne comprenons pas… tout est peut-être faux et tout est peut-être vrai !
De gros plans du papyrus sont diffusés à l’image.
C’est réussi pour Julien Papire : il a bien façonné sa soirée pour avoir une très belle audience.
Est-ce que l’intervention d’Emmanuelle Cespedès était préparée ?
Fort probablement… C’était plutôt du bon.
Ce qu’elle dit enchante le public ; les SMS se suivent par dizaines sur une ligne en continue, au bas de l’écran.
Le présentateur, euphorique, se délecte :
— Vous avez la cote Madame Cespedès !
Je lis quelques SMS :
— Eh bien, se dit Tomas, cela risque d’être fumeux…
Je ne sais pas si je vais tenir toute la soirée !
Monseigneur Millefeuilles ajuste avec soin les plis de sa soutane violette ; il replace son petit couvre-chef sur un crâne dégarni depuis certainement fort longtemps et toussote, afin de prendre davantage d’assurance.
Il répond gravement :
— Mon Dieu, mon Dieu !
Il faut prier pour retrouver le paradis perdu par le péché !
Le rêve de l’Atlantide est une illusion collective, qui voudrait nous faire oublier le Diable !
Oui, je comprends bien ces jeunes et moins jeunes, en grand nombre égarés dans notre monde matérialiste, sans avenir.
Cette crise sociale est une crise spirituelle.
Voilà ce qui arrive, lorsque l’on oublie l’amour de Dieu.
Regardez le peuple en quête de jouissance qui veut tout, sans effort, sans sacrifice.
Maintenant qu’il y a l’égarement de croire en un paradis terrestre onirique, c’est la folie chez beaucoup.
La morale se perd dans la débauche.
Cela n’apportera rien de bon de rechercher un sens quelconque à cette fumisterie d’alphabet poissons.
Il n’y a vraiment rien à en recevoir.
Les experts sont formels sur ce point.
Cette détestable imposture a heureusement été dénoncée au plus vite, par des savants honnêtes.
Quelques proies fragiles sont hélas tombées dans le piège construit par je ne sais quelle secte diabolique !
Oui, parce que seul le Diable peut désorienter l’homme et le fourvoyer de la vérité : écoutant la voix satanique, il rejette alors la crainte de Dieu pour risquer les Enfers.
Hommes de bonne volonté, oubliez cet obscur papyrus et revenez vers la vérité.
La sainte Bible est la parole de Dieu. Il n’y a pas d’autre écrit révélé.
Dieu vous aime.
Yasid Ramadan transpire à grosses gouttes sous sa djellaba. Il se contient pour ne pas exploser de colère.
À la grande surprise de Tomas, c’est un jeune homme de la trentaine comme lui, qui fait presque gamin.
Il serait d’ailleurs plutôt mignon sans cette barbe éparse, mal taillée, et s’il était débarrassé de son accoutrement de religieux fanatique.
Il souhaite impatiemment prendre à son tour la parole.
C’est accueilli favorablement, par un signe de tête de Julien Papire.
— Mon frère, le professeur Farid Ramadan, a été le témoin direct de cette odieuse mystification.
C’est lui qui a dénoncé, par la science, la supercherie qui était pourtant bien évidente, à la lecture du Saint Coran.
Oui, le Saint Coran qui est, Monseigneur, le dernier livre sacré, révélé au Prophète.
Qu’Allah bénisse son nom.
Nous, les musulmans, nous ne nions pas que la Bible soit pleine de révélations et même de sagesses, malgré ses multiples traductions et ses incertitudes apportées de la main des hommes. Nous savons, vous savez, qu’elle annonce la venue du Paraclet : le dernier messager, Notre Prophète.
Alors pas de mensonges !
Pas de blasphèmes !
Ne nous faites pas injure, en refusant de croire au Saint Coran.
Ah, les incrédules et les mécréants veulent toujours des preuves à dimension humaine.
C’est l’Enfer assuré pour ceux qui sont sourds à la parole du prophète.
Oui !
Je reviens sur ce maudit papyrus.
Sacrilège que d’avoir créé un tel canular, en pleine terre de l’Islam !
Nous ne savons pas encore qui en est l’auteur.
Lorsqu’il sera découvert, Allah m’en est témoin, il sera châtié !
Et sur Terre…
Et en Enfer.
Julien Papire rétorque à l’imam :
— Je ne comprends pas votre courroux, Monsieur Ramadan !
L’ancienneté de ce papyrus — trouvé dans le Haut Atlas — est bien antérieure aux conquêtes arabes et mahométanes !
Des propos mêmes rapportés de votre frère, le docteur, n’est-ce pas ?
J’ai pu m’informer lors de la préparation de cette émission. Un de mes oncles, professeur au CNRS de Lyon, est prêt à confirmer la datation si on lui donne un fragment à étudier.
Pourquoi ce rejet total ?
Si vous n’avez pas peur de la Bible, par exemple, comment l’Islam pourrait être menacé par un autre document, antérieur lui aussi au Coran ?
Yasid Ramadan, sûr de lui, reprend son discours religieux :
— L’Islam, non, bien entendu !
Il n’y a pas d’autre crainte que celle envers Allah le tout puissant et le miséricordieux.
Pourtant, la foi du croyant est bien fragile : le peuple ne doit pas être soumis à la faute.
Le prophète incite à la prudence.
De tels jeux d’illusions sataniques peuvent dévoyer les fidèles, les conduire en Enfer.
Je suis là, en tant qu’imam, afin de veiller particulièrement sur les êtres les plus faibles.
Je n’ai bien entendu surtout pas peur d’un faux semblant de texte, qui n’a aucun sens réel.
Julien Papire, un peu gêné par la tournure que prend son émission, tente de redistribuer les cartes.
— Bien, bien, bien, heureusement que mon oncle rabbin a décliné l’invitation…
Nous avons compris que les religieux n’ont pas d’autres inquiétudes que de rassembler leurs brebis égarées !
Ce papyrus ne les intéresse pas vraiment.
Il est fort ancien… personne ne le nie.
Son écriture reste une énigme, soit, à savoir comment cela fut imprimé…
Vraiment, je me pose toujours la question : que pourraient bien signifier ces vingt mètres de signes géométriques ?
Même s’ils ont été réalisés à l’imprimante, hier ou aujourd’hui… nous sommes des dizaines de millions de curieux à attendre la réponse !
Sommes-nous dans la fable du Renard et des raisins ? Oui, ne pas réussir à déchiffrer l’alphabet poissons, et alors rejeter le papyrus en prétendant qu’il n’y a rien à comprendre ?
C’est peut-être un peu trop simpliste !
Le mystère autour de cette écriture suffit-il à prouver le canular ?
Si nous écoutions maintenant la voix des philosophes et des historiens ?
Le tirage au sort vous a donné la parole Monsieur Lavis, en cette époque étrange où l’égalité des sexes est prônée dans certains domaines, mais pas dans d’autres.
Oui, c’est bizarre en effet : ce soir, je n’ai pas trouvé d’Imam, ni d’Archevêque à conjuguer au féminin !
Ah ah ah !
Nous espérons votre verbe éclairé, qui permettrait d’autres ouvertures dans ce débat.
Bernard-Henry Lavis arbore, comme à son habitude, sa célèbre chemise blanche largement ouverte jusqu’au nombril.
La mine sévère, il commence par tirer à vue :
— Donner la parole à des religieux pour lancer une discussion si sérieuse sur l’histoire, je juge cela vraiment réducteur et désolant.
L’Islam comme le Christianisme ont toujours attisé les guerres, provoqué les pogroms et laissé s’accomplir les génocides.
Yasid Ramadan et Monseigneur Millefeuilles, tout à coup singulièrement solidaires, se lèvent, s’insurgent, crient au scandale… au grand plaisir du public et de Julien Papire.
Il invite comme d’habitude au silence, et à respecter la parole de chacun.
Bernard-Henry Lavis, content de son numéro certainement préparé, poursuit son sketch :
— Oui, l’inquiétude est palpable dans notre civilisation qui manque cruellement de repères.
La faiblesse des peuples est de vouloir être soumis à un dieu ou un autre, sans prendre conscience de la nature humaine.
Il y a une hiérarchie à respecter dans les origines de tous et chacun, avec philosophie.
Maintenant, pour ouvrir vraiment le débat sur ce pseudo papyrus, je m’insurge devant une telle récupération !
Ne parlons même pas de l’illusion « extra-terrestre » : un philosophe ne s’intéresse pas aux affabulations pouvant faire croire à de petits hommes verts qui viendraient nous rencontrer, après un long voyage à travers l’univers… c’est absurde.
Notre monde est unique.
Il y a une seule Terre.
Et si même d’autres « possibles » s’avéraient, la réalité de l’espace-temps ne pourrait permettre la moindre rencontre !
Ah, Julien Papire ! Si je n’étais pas habitué à vos shows, où vous menez avec talent la dérision et le ridicule… je serai presque inquiet par vos propos exposés en d’autres lieux ; je les pense fort dangereux s’ils étaient repris par quelques extrémistes et autres sombres démagogues !
Cela dit, voyons donc maintenant la situation sous un regard purement philosophique !
Oui, quel individu doté d’un minimum de bon sens, saurait voir en étudiant de près ce pseudo papyrus, les traces de civilisations évoluées antérieures à ce que nous savons de la Grèce Antique ou des Pharaons d’Égypte ?
Cela n’est pas possible.
Et parler de l’Atlantique… pardon, de l’Atlantide !
Ah, l’Atlantide, au Maroc en plus…
C’est d’un ridicule !
Pierre Vatil-Niquet est dans son élément… c’est sa tasse de thé !
Il jubile en prenant son tour :
— Ah… oui !
Merci mon cher Bernard-Henry !
Merci de rappeler la réalité des faits.
L’Atlantide ?
Que c’est absurde.
Pareillement stupide que vos petits hommes verts !
C’est une thèse récurrente des sociétés en mal d’un passé glorieux.
« Il n’y a pas à chercher l’Atlantide, ni dans les profondeurs du temps, ni dans celles de la mer ».
Encore moins dans quelques montagnes africaines.
L’illusion a fait déjà tant de ravages. Il faut rejeter toute idée que ce pseudo papyrus, à l’écriture chimérique, puisse donner matière à imaginer un continent disparu, où des peuples seraient à vivre un idéal sans foi ni loi.
J’ai pris quelques minutes afin d’étudier cette suite de signes géométriques sans intérêt, que d’aucuns osent appeler alphabet poissons.
C’est d’un ridicule !
L’incohérence est totale.
Julien Papire laisse Bernard-Henry Lavis faire monter la sauce, en lui permettant de compléter les dires de son ami, davantage sociologue, ce soir, qu’historien :
— Chacun sait aujourd'hui que mettre à la lumière un passé légendaire peut faire surgir de « nouvelles barbaries à visage humain » !
Nous, les philosophes, nous devons garantir aux peuples l’assurance d’une paix fraternelle. Et je suis prêt à faire la guerre pour ça.
Il ne faut pas laisser la moindre prise au mensonge : tricher à propos de notre passé, c’est jouer le jeu des révisionnistes.
Ce manuscrit qui n’en est pas un — puisqu’il serait écrit par des machines — est vraiment dangereux, même sans exister !
Il n’existe pas en effet, puisque son écriture n’en est pas une.
C’était évident pour toute personne sensée… et c’est donc maintenant prouvé scientifiquement par les chercheurs : il n’y a pas d’alphabet poissons.
Julien Papire parait inquiet.
Changeant la donne, il semble même déçu. Sa répartie n’est plus dans l’humour ou la dérision :
— Incroyable !
Serait-ce l’unanimité autour de cette table ?
C’est plutôt rare dans nos studios !
À vous entendre, ce papyrus n’est vraiment pas de bon augure ?
Êtes-vous donc tous d’accord, pour rejeter l’idée d’une œuvre venue de l’espace ou issue d’un monde oublié ?
Cette écriture à l’alphabet poissons, cette suite de signes — des lettres peut-être — que je trouve plutôt plaisante à inviter à la lecture, semble pourtant bien réelle !
Avons-nous un autre regard ?
Peut-être…
Madame ?
Qu’en pense notre jeune philosophe qui monte ?
Emmanuelle Cespedès s’impatientait sérieusement !
Elle se savait invitée en tant qu’outsider… pour réveiller le public si besoin.
— Je veux bien être qualifiée de jeune, car la jeunesse est un état d’esprit.
J’ose la jeunesse !
Je suis assurément la plus jeune de cette assemblée… que je trouve hélas très très vieille, par son manque d’audace et d’ambition pour les humains !
Merci de m’accorder le titre de philosophe, qu’un certain monsieur ici s’octroie, sans que bien des officiels ne le reconnaissent comme tel… mais bon…
C’est le grand jeu pour Julien Papire, qui, sous les huées du public, doit séparer Emmanuelle Cespedès de Bernard-Henry Lavis.
Ce dernier la menace ouvertement de quelques actes de violence, et dans ses propres termes, qu’on lui connaît bien : de lui péter la gueule à cette gonzesse…
— Cela devient presque amusant, dit Tomas, parlant à lui-même.
Il coupe le son, tout en se levant.
La pose publicitaire a son utilité : le temps d’uriner et de rechercher une bière fraîche.
Sumo apprécie la démarche et se rend également à la cuisine pour quelques petites croquettes et un gros pipi…
Après ce court entracte, la « jeune philosophe » poursuit, avec une réelle jouissance, son numéro bien orchestré :
— Devant ce mystère, Julien, j’ose le dire à cette assemblée : êtes-vous tous devenus si vieux de certitudes, à ne plus être en mesure de vous émerveiller ?
Je préfère donner la chance à ce papyrus, plutôt que de laisser la peur ou l’indifférence me gagner !
En trois coups de cuillère à pot, avec vous, c’est réglé : il y a fumisterie, mensonge, scandale…
Il suffirait selon vous de quelques minutes de recherches et la conclusion s’impose ?
Il faudrait donc écouter la parole des maîtres : vous, les sages — les gardiens de la vérité et de l’ordre moral — vous qui agissez soi-disant en protecteurs des faibles…
Pourquoi toujours considérer les peuples comme incapables de penser par eux-mêmes ?
Quoi que vous supposiez d’une manière hâtive et peureuse, nous avons vraiment un texte mystérieux… Là, devant nous : il existe bien.
Qui oserait réaliser, sur un papyrus de vingt mètres, des centaines de milliers de signes, puis le placer dans la montagne, sans que cela ait un sens réel ?
Je me moque de la manière dont il a été écrit ou reproduit.
Je suis juste curieuse de connaître la signification de cet alphabet poissons, pour en lire un jour son ensemble.
Oui, pourquoi, aux dires de deux ou trois experts spécialistes, dont l’indépendance religieuse ou politique est assurément nulle, ces seuls « savants à la solde du système », seraient les garants d’une vérité reprise par vous tous ici présents ?
Nous interdire l’accès à la connaissance est la plus grave atteinte à la liberté.
— Vous dites n’importe quoi !
Les ordinateurs ont déjà tenté de trouver un quelconque encodage ; des chercheurs indépendants ont déjà remis leurs rapports : l’alphabet poissons est incohérent, d’une incohérence totale !
C’est prouvé scientifiquement, rétorque Pierre Vatil-Niquet.
Emmanuelle Cespedès ne se laisse pas abattre :
— Combien de temps a-t-il fallu aux alliés pour comprendre Énigma ?
Et de siècles, voire de millénaires, pour saisir le sens des hiéroglyphes ?
Julien Papire se rassure.
Il reprend la direction de la discussion, avec sa touche personnelle, manifestant toujours un semblant d’ironie :
— Des siècles, voire des millénaires ?
Bon… je n’attendrai pas si longtemps…
Merci d’avoir relancé le débat avec cette fougue qui fait votre réputation, surtout auprès de la jeunesse, ma chère Emmanuelle.
Vous nous parlerez de « S’aimer », votre dernier livre, en fin d’émission. Je l’ai beaucoup apprécié.
Bien, bien, bien…
J’espère donc que des audacieux talentueux vont œuvrer et réussir à dévoiler le mystère autour de cet alphabet poissons… avant que nous ne soyons tous morts !
Cette situation me rappelle le film Stargate, La Porte des Étoiles… oui !
Oui… tant que nous ne savons pas, tant que nous ne comprenons pas… tout est peut-être faux et tout est peut-être vrai !
De gros plans du papyrus sont diffusés à l’image.
C’est réussi pour Julien Papire : il a bien façonné sa soirée pour avoir une très belle audience.
Est-ce que l’intervention d’Emmanuelle Cespedès était préparée ?
Fort probablement… C’était plutôt du bon.
Ce qu’elle dit enchante le public ; les SMS se suivent par dizaines sur une ligne en continue, au bas de l’écran.
Le présentateur, euphorique, se délecte :
— Vous avez la cote Madame Cespedès !
Je lis quelques SMS :
« que les islamistes nous rendent le manuscrit volé » ;
« le peuple a le droit d’accès à la vérité » ;
« honte aux religieux qui nous manipulent » ;
« un texte sans importance ne serait pas caché » ;
« merci Madame Cespedès, aidez-nous » ;
« Emmanuelle, je t’aime ! »…
« le peuple a le droit d’accès à la vérité » ;
« honte aux religieux qui nous manipulent » ;
« un texte sans importance ne serait pas caché » ;
« merci Madame Cespedès, aidez-nous » ;
« Emmanuelle, je t’aime ! »…
Bravo !
Je ne lis pas ce qui se dit sur vous, Monsieur Lavis.
Ce n’est pas votre jour !
Attention, attention, chers amis du public, et chers téléspectateurs de ne pas oublier de rester corrects dans vos propos. À notre époque où la technologie est au meilleur d’elle-même, ses failles démocratiques sont terriblement réelles, dans la surveillance accrue des ondes…
De tout ce qui est écrit ou dit, l’on peut en retrouver les auteurs !
Ce qui est le plus important ce soir, c’est de saisir ensemble l’intérêt de ce papyrus, non pas de s’épancher vulgairement sur l’un ou l’autre des invités.
Bien…
Ceci étant dit, revenons à votre analyse sur ce texte, chère Emmanuelle :
S’il était véridique ?
Selon vous, quel en serait le contenu ?
La philosophe exulte.
Elle choisit l’onirique :
— S’il est authentique…
Comme il est authentique… de toutes les hypothèses proposées à ce jour, je me positionnerais pour un roman.
Oui !
Un extraordinaire roman d’amour ?
Je rêve d’une belle onde de charme : vingt mètres de papyrus décrivant une société où l’amour serait préféré à la guerre, une histoire qui fait du bien.
Imaginons une civilisation raffinée, en Afrique du nord, voici dix mille ans ?
Des peuples aux mœurs plus évoluées que les nôtres ?
Les femmes et les hommes dans une équité parfaite.
Un monde sans honte, ni tabou ?
Ah, oui, c’est un beau roman — une belle histoire comme le dit la chanson — auquel j’ai hâte d’avoir l’accès.
— L’Emmanuelle est plutôt excellente ce soir, réagit Tomas, qui commençait à s’endormir avec les propos des autres intervenants.
J’espère que Yvane et Assitane regardent l’émission !
C’est maintenant un nouveau tour de table, orchestré avec habileté par le présentateur, devant un public certainement bien chauffé.
Les phrases assassines fusent : des rires, des cris… un spectacle pour satisfaire le peuple, toujours avide de larmes et de sang qui coulent.
Tomas se fatigue, pianotant sur son ordinateur…
Rien de vraiment passionnant dans ce faux débat.
Devant l’écriture à l’alphabet poissons, chacun y va de son idée, en la présentant comme une invention dénuée de sens, une fumisterie (excepté donc pour la philosophe), sans avoir réfléchi à ce qui pourrait se cacher derrière ces nombreux signes.
Tous survolent le sujet…
La parole est de nouveau pour l’archevêque qui va bien entendu prendre — les autres aussi sans aucun doute — Emmanuelle Cespedès comme bouc émissaire de la soirée et la fustiger…
Ça commence en effet comme aux jeux du cirque :
— Oh, Madame, vous avez d’horribles propos anarchistes et immoraux !
Et vous enseignez ?
C’est incroyable, encore de nos jours, d’oser laisser de tels personnages comme vous — avec des idées néo-socratiques — pervertir la jeunesse.
Les peuples sans interdit ? Cela annoncerait la fin du monde !
C’est l’apocalypse assurée…
— Il ne doit pas y avoir de tolérance pour des gens comme vous, Madame Cespedès ! ose Yasid Ramadan, Je suis d’accord avec Monseigneur : comment peut-on d’ailleurs vous autoriser à venir sur une chaîne publique, dans une tenue aussi légère en plus, et vous laisser dire de pareilles inepties ?
Les religieux n’ayant pas trop d’arguments, se répètent.
Les autres poursuivent leur cours doctrinal avec des certitudes infaillibles, sans non plus de matière à argumenter, comme chez Pierre Vatil-Niquet :
— Il n’y a jamais eu de civilisations évoluées disparues dont nous n’ayons reçu l’héritage !
— Absolument mon cher Pierre.
C’est un mythe abject, qui engendre les théories du complot, favorise les extrémismes… enchérit Bernard Henry Lavis.
— Monsieur Lavis, je parle d’amour : d’une philosophie du bonheur, sans peurs, sans frustrations !
J’imagine des peuples d’hier, qui ne connaissaient pas la guerre ! rétorque Emmanuelle Cespedès.
Pourquoi rejeter cette idée ?
— Quelle horreur !
Quelle horreur… poursuit Bernard-Henry Lavis.
Jean-Baptiste Botul et Aristote l’ont écrit avant moi : l’art de la guerre est le fondement de notre monde, avec l’art de philosopher bien sûr !
Je suis un homme de combat !
Votre lâcheté conduit les hommes fragiles à se soumettre aux tyrannies les plus redoutables.
Emmanuelle Cespedès a le public avec elle, ce soir… L'opportunité rêvée de développer quelques-uns de ses préceptes philosophiques !
— Ce ne sont pas les guerres qui permettent à l’humain d’être heureux.
Combattre est déjà une défaite !
Pierre Vatil-Niquet s’emporte.
— Vous dites n’importe quoi, ma petite !
Rappelez-vous « La Guerre du Feu ».
L’humain évolue par le principe des conquêtes…
Nier Darwin, c’est nier l’histoire !
Vous situez votre civilisation évoluée à une époque où l’humain se construisait à peine, dans une survie à lutter contre la faim, le froid, les bêtes sauvages et les maladies sur notre Terre naissante, qu’il lui a fallu dominer. Pourquoi s’imaginer un passé qui serait plus glorieux ?
Vos investigations douteuses ressemblent à des jeux d’adolescents qui mélangent l’histoire médiévale et l’héroïque fantaisie. C’est ludique lorsque cela reste circonscrit dans des clubs pour boutonneux frustrés qui puent… c’est sectaire, voire criminel d’en proposer une doctrine.
Vous seriez capables de nous dire un jour que les licornes ont existé ! Des jeunes crédules à vos bavardages spécieux finiraient par vous croire…
Intéressez-vous à l’histoire plutôt qu’aux légendes.
Étudiez vos classiques plutôt que de nous étaler de pseudo concepts fumeux.
Réinventer un passé est dangereux.
Allons vers l’avenir, soit, tout en respectant sagement les travaux des historiens sérieux !
Monseigneur Millefeuilles tente de rejoindre la dispute.
— Sans être darwiniste, oui : Dieu nous garde de pactiser avec le diable, en voulant réécrire de manière maligne, l’histoire de l’humanité !
Libérons-nous des légendes pour nous recentrer sur la divine Vérité !
Yasid Ramadan souhaite se relancer avec ses certitudes religieuses.
— Oui, Monseigneur ! Absolument…
Le fait de parler de ce papyrus, comme des licornes, est déjà un sacrilège !
Et j’entends la voix du diable, par la bouche de cette femme qui se dit philosophe !
Le Coran rappelle que c’est la perversion qui a condamné les peuples de ’Ad et d’Ubar.
La curiosité est blâmable !
Il ne faut pas se détourner de la vérité…
Il y a beaucoup de faux prophètes.
Quelques minutes désolantes de doctrines…
Et Bernard-Henry Lavis pense avoir repris la main…
— Il n’y a en effet aucun, aucun intérêt à philosopher sur des fictions.
La réalité du monde est à vivre dans une guerre quotidienne, pour que le bien gagne sur le mal !
La réponse d’Emmanuelle Cespedès dérange davantage encore :
— Le bien, le mal… c’est terriblement binaire.
« La philosophie, pour moi, c'est un feu orange. Par rapport au feu rouge et au feu vert, aux proscriptions et aux prescriptions, on met le feu orange, le moment du doute, le moment de la pensée ».
Vous parlez des licornes : leur existence est peut-être plus évidente que cet ami imaginaire que certains ici nomment « Dieu » ou « Allah » !
Il faut de nouveau calmer les religieux qui crient au sacrilège, au blasphème, devant un public maintenant partagé.
Julien Papire tente de revenir en vain sur le sujet qui l’intéresse : est-ce que cet alphabet poissons pourrait avoir un sens ?
Ces vingt mètres de signes sont-ils finalement ou non incohérents ?
D’autres images sont proposées à l’écran.
Le débat risque de tourner sérieusement au règlement de comptes, sans que l’animateur puisse gérer comme il le souhaite, son émission : des échanges avec quelques mots, pas très aimables encore, fusent à nouveau…
Le sociologue-historien Pierre Vatil-Niquet se lève, fort mécontent. Il est toujours autant méprisant que menaçant envers Emmanuelle Cespedès ; le dialogue tourne court :
— Je vous trouve petite… et dangereuse.
Vous ne m’avez pas écouté !
Ma présence est donc inutile !
— Je vous ai entendu, et même parfois écouté avec attention, Monsieur Vatil-Niquet ; néanmoins, j’ai mes propres idées que je façonne sur des acquis reçus de nombreux magisters !
Sachez que je ne suis soumise à aucune idéologie ; surtout pas celle que vous voulez m’imposer.
Je suis une femme libre, fort ambitieuse et je mise sur la réalité de l’amour l’humain…
— Vous êtes une petite prétentieuse !
Vous êtes insupportable.
Je vous méprise.
Le sociologue, très en colère, quitte le plateau.
Bernard-Henry Lavis sent certainement en lui une âme de maître le transcender :
— Absolument, comment osez-vous nous tenir tête ?
Je ne partirai pas avant d’avoir dénoncé vos propos !
Quelle horreur !
Quelle horreur…
Le public doit savoir.
Ah… votre regard sur la philosophie est non seulement ridicule, mais il est en effet dangereux.
Philosopher, c’est révéler la vérité, et non divaguer sur des concepts oniriques !
— Un autre regard sur la philosophie vous inquiète tant que cela ?
Avez-vous enfin des idées, des concepts nouveaux à proposer ?
Au plaisir de réfléchir sur le sens de la vie en se libérant des certitudes sur le bien et le mal…
Oui, où se trouve le « mal » ? ose alors Emmanuelle Cespedès, ravie de pouvoir ouvrir à nouveau le débat : l’axiologie, qui prône la philosophie des valeurs, dans la considération de chacun, est-ce « mal » ?
Une morale religieuse qui condamne au nom d’un dieu ou d’un autre, est-ce « bien » ?
Oui ? Non ?
Avoir des valeurs, en refusant toute morale ?
Moi j’aime !
Que veut donc dire le « mal » ? Et le « bien » ?
— Taisez-vous, taisez-vous donc ! hurle Bernard Henry Lavis, celui que beaucoup surnomment BHL dans les SMS. Par vos propos laxistes, vous donneriez votre bénédiction à toutes les extrêmes !
Vous avez le même comportement que celles et ceux qui ont laissé les nazis prendre le pouvoir en Allemagne…
Julien Papire exulte.
— Ah, c’est fait ! Bravo !
Nous avons atteint le point Godwin !
— Je ne vous apprécie pas généralement, Monsieur Lavis, reprend Monseigneur Millefeuilles, mais ce soir, je suis en accord avec vos propos.
Il est en effet… diabolique… d’oublier le péché originel !
Cette femme est une Ève !
Refuser de distinguer le bien du mal, c’est contraire au sens de la vie sous le regard de Dieu.
— Allah est grand.
La seule lecture de notre histoire est dans le Coran, réussit à placer Yasid Ramadan…
Julien Papire de conclure :
— La messe est dite ?
À ce moment-là, Noël Godin — l’homme aux si nombreux attentats pâtissiers — entre sur le plateau du studio avec son équipe.
Mise en scène ?
C’est peu probable cette fois… En tous les cas, la panique paraît réelle : le service d’ordre est plutôt débordé.
Julien Papire semble fort partagé entre l’obligation donnée par la production de couper la scène et laisser faire…
Quelques secondes de communication floue entre l’autorité et les techniciens ; c’est trop tard pour cacher aux téléspectateurs la scène commune, redoutée par les responsables de plateaux : il arrive alors, en effet, ce qui arrive encore — assez fréquemment — pour les individus qui s’estiment tellement supérieurs !
Oui, Bernard-Henry Lavis se trouve entarté pour la énième fois… et ce soir, devant une très large audience télévisuelle.
Un affront de plus, dans sa carrière déjà maintes fois habituée à ce rituel.
Il se lève furieux, dégoulinant de crème pâtissière !
Proférant des menaces… tentant de poursuivre Godin et sa bande, à travers un public aux anges… il trébuche, s’étalant de tout son long.
Julien Papire est sommé de rendre l’antenne.
Tomas éteint son poste de télévision.
Je ne lis pas ce qui se dit sur vous, Monsieur Lavis.
Ce n’est pas votre jour !
Attention, attention, chers amis du public, et chers téléspectateurs de ne pas oublier de rester corrects dans vos propos. À notre époque où la technologie est au meilleur d’elle-même, ses failles démocratiques sont terriblement réelles, dans la surveillance accrue des ondes…
De tout ce qui est écrit ou dit, l’on peut en retrouver les auteurs !
Ce qui est le plus important ce soir, c’est de saisir ensemble l’intérêt de ce papyrus, non pas de s’épancher vulgairement sur l’un ou l’autre des invités.
Bien…
Ceci étant dit, revenons à votre analyse sur ce texte, chère Emmanuelle :
S’il était véridique ?
Selon vous, quel en serait le contenu ?
La philosophe exulte.
Elle choisit l’onirique :
— S’il est authentique…
Comme il est authentique… de toutes les hypothèses proposées à ce jour, je me positionnerais pour un roman.
Oui !
Un extraordinaire roman d’amour ?
Je rêve d’une belle onde de charme : vingt mètres de papyrus décrivant une société où l’amour serait préféré à la guerre, une histoire qui fait du bien.
Imaginons une civilisation raffinée, en Afrique du nord, voici dix mille ans ?
Des peuples aux mœurs plus évoluées que les nôtres ?
Les femmes et les hommes dans une équité parfaite.
Un monde sans honte, ni tabou ?
Ah, oui, c’est un beau roman — une belle histoire comme le dit la chanson — auquel j’ai hâte d’avoir l’accès.
— L’Emmanuelle est plutôt excellente ce soir, réagit Tomas, qui commençait à s’endormir avec les propos des autres intervenants.
J’espère que Yvane et Assitane regardent l’émission !
C’est maintenant un nouveau tour de table, orchestré avec habileté par le présentateur, devant un public certainement bien chauffé.
Les phrases assassines fusent : des rires, des cris… un spectacle pour satisfaire le peuple, toujours avide de larmes et de sang qui coulent.
Tomas se fatigue, pianotant sur son ordinateur…
Rien de vraiment passionnant dans ce faux débat.
Devant l’écriture à l’alphabet poissons, chacun y va de son idée, en la présentant comme une invention dénuée de sens, une fumisterie (excepté donc pour la philosophe), sans avoir réfléchi à ce qui pourrait se cacher derrière ces nombreux signes.
Tous survolent le sujet…
La parole est de nouveau pour l’archevêque qui va bien entendu prendre — les autres aussi sans aucun doute — Emmanuelle Cespedès comme bouc émissaire de la soirée et la fustiger…
Ça commence en effet comme aux jeux du cirque :
— Oh, Madame, vous avez d’horribles propos anarchistes et immoraux !
Et vous enseignez ?
C’est incroyable, encore de nos jours, d’oser laisser de tels personnages comme vous — avec des idées néo-socratiques — pervertir la jeunesse.
Les peuples sans interdit ? Cela annoncerait la fin du monde !
C’est l’apocalypse assurée…
— Il ne doit pas y avoir de tolérance pour des gens comme vous, Madame Cespedès ! ose Yasid Ramadan, Je suis d’accord avec Monseigneur : comment peut-on d’ailleurs vous autoriser à venir sur une chaîne publique, dans une tenue aussi légère en plus, et vous laisser dire de pareilles inepties ?
Les religieux n’ayant pas trop d’arguments, se répètent.
Les autres poursuivent leur cours doctrinal avec des certitudes infaillibles, sans non plus de matière à argumenter, comme chez Pierre Vatil-Niquet :
— Il n’y a jamais eu de civilisations évoluées disparues dont nous n’ayons reçu l’héritage !
— Absolument mon cher Pierre.
C’est un mythe abject, qui engendre les théories du complot, favorise les extrémismes… enchérit Bernard Henry Lavis.
— Monsieur Lavis, je parle d’amour : d’une philosophie du bonheur, sans peurs, sans frustrations !
J’imagine des peuples d’hier, qui ne connaissaient pas la guerre ! rétorque Emmanuelle Cespedès.
Pourquoi rejeter cette idée ?
— Quelle horreur !
Quelle horreur… poursuit Bernard-Henry Lavis.
Jean-Baptiste Botul et Aristote l’ont écrit avant moi : l’art de la guerre est le fondement de notre monde, avec l’art de philosopher bien sûr !
Je suis un homme de combat !
Votre lâcheté conduit les hommes fragiles à se soumettre aux tyrannies les plus redoutables.
Emmanuelle Cespedès a le public avec elle, ce soir… L'opportunité rêvée de développer quelques-uns de ses préceptes philosophiques !
— Ce ne sont pas les guerres qui permettent à l’humain d’être heureux.
Combattre est déjà une défaite !
Pierre Vatil-Niquet s’emporte.
— Vous dites n’importe quoi, ma petite !
Rappelez-vous « La Guerre du Feu ».
L’humain évolue par le principe des conquêtes…
Nier Darwin, c’est nier l’histoire !
Vous situez votre civilisation évoluée à une époque où l’humain se construisait à peine, dans une survie à lutter contre la faim, le froid, les bêtes sauvages et les maladies sur notre Terre naissante, qu’il lui a fallu dominer. Pourquoi s’imaginer un passé qui serait plus glorieux ?
Vos investigations douteuses ressemblent à des jeux d’adolescents qui mélangent l’histoire médiévale et l’héroïque fantaisie. C’est ludique lorsque cela reste circonscrit dans des clubs pour boutonneux frustrés qui puent… c’est sectaire, voire criminel d’en proposer une doctrine.
Vous seriez capables de nous dire un jour que les licornes ont existé ! Des jeunes crédules à vos bavardages spécieux finiraient par vous croire…
Intéressez-vous à l’histoire plutôt qu’aux légendes.
Étudiez vos classiques plutôt que de nous étaler de pseudo concepts fumeux.
Réinventer un passé est dangereux.
Allons vers l’avenir, soit, tout en respectant sagement les travaux des historiens sérieux !
Monseigneur Millefeuilles tente de rejoindre la dispute.
— Sans être darwiniste, oui : Dieu nous garde de pactiser avec le diable, en voulant réécrire de manière maligne, l’histoire de l’humanité !
Libérons-nous des légendes pour nous recentrer sur la divine Vérité !
Yasid Ramadan souhaite se relancer avec ses certitudes religieuses.
— Oui, Monseigneur ! Absolument…
Le fait de parler de ce papyrus, comme des licornes, est déjà un sacrilège !
Et j’entends la voix du diable, par la bouche de cette femme qui se dit philosophe !
Le Coran rappelle que c’est la perversion qui a condamné les peuples de ’Ad et d’Ubar.
La curiosité est blâmable !
Il ne faut pas se détourner de la vérité…
Il y a beaucoup de faux prophètes.
Quelques minutes désolantes de doctrines…
Et Bernard-Henry Lavis pense avoir repris la main…
— Il n’y a en effet aucun, aucun intérêt à philosopher sur des fictions.
La réalité du monde est à vivre dans une guerre quotidienne, pour que le bien gagne sur le mal !
La réponse d’Emmanuelle Cespedès dérange davantage encore :
— Le bien, le mal… c’est terriblement binaire.
« La philosophie, pour moi, c'est un feu orange. Par rapport au feu rouge et au feu vert, aux proscriptions et aux prescriptions, on met le feu orange, le moment du doute, le moment de la pensée ».
Vous parlez des licornes : leur existence est peut-être plus évidente que cet ami imaginaire que certains ici nomment « Dieu » ou « Allah » !
Il faut de nouveau calmer les religieux qui crient au sacrilège, au blasphème, devant un public maintenant partagé.
Julien Papire tente de revenir en vain sur le sujet qui l’intéresse : est-ce que cet alphabet poissons pourrait avoir un sens ?
Ces vingt mètres de signes sont-ils finalement ou non incohérents ?
D’autres images sont proposées à l’écran.
Le débat risque de tourner sérieusement au règlement de comptes, sans que l’animateur puisse gérer comme il le souhaite, son émission : des échanges avec quelques mots, pas très aimables encore, fusent à nouveau…
Le sociologue-historien Pierre Vatil-Niquet se lève, fort mécontent. Il est toujours autant méprisant que menaçant envers Emmanuelle Cespedès ; le dialogue tourne court :
— Je vous trouve petite… et dangereuse.
Vous ne m’avez pas écouté !
Ma présence est donc inutile !
— Je vous ai entendu, et même parfois écouté avec attention, Monsieur Vatil-Niquet ; néanmoins, j’ai mes propres idées que je façonne sur des acquis reçus de nombreux magisters !
Sachez que je ne suis soumise à aucune idéologie ; surtout pas celle que vous voulez m’imposer.
Je suis une femme libre, fort ambitieuse et je mise sur la réalité de l’amour l’humain…
— Vous êtes une petite prétentieuse !
Vous êtes insupportable.
Je vous méprise.
Le sociologue, très en colère, quitte le plateau.
Bernard-Henry Lavis sent certainement en lui une âme de maître le transcender :
— Absolument, comment osez-vous nous tenir tête ?
Je ne partirai pas avant d’avoir dénoncé vos propos !
Quelle horreur !
Quelle horreur…
Le public doit savoir.
Ah… votre regard sur la philosophie est non seulement ridicule, mais il est en effet dangereux.
Philosopher, c’est révéler la vérité, et non divaguer sur des concepts oniriques !
— Un autre regard sur la philosophie vous inquiète tant que cela ?
Avez-vous enfin des idées, des concepts nouveaux à proposer ?
Au plaisir de réfléchir sur le sens de la vie en se libérant des certitudes sur le bien et le mal…
Oui, où se trouve le « mal » ? ose alors Emmanuelle Cespedès, ravie de pouvoir ouvrir à nouveau le débat : l’axiologie, qui prône la philosophie des valeurs, dans la considération de chacun, est-ce « mal » ?
Une morale religieuse qui condamne au nom d’un dieu ou d’un autre, est-ce « bien » ?
Oui ? Non ?
Avoir des valeurs, en refusant toute morale ?
Moi j’aime !
Que veut donc dire le « mal » ? Et le « bien » ?
— Taisez-vous, taisez-vous donc ! hurle Bernard Henry Lavis, celui que beaucoup surnomment BHL dans les SMS. Par vos propos laxistes, vous donneriez votre bénédiction à toutes les extrêmes !
Vous avez le même comportement que celles et ceux qui ont laissé les nazis prendre le pouvoir en Allemagne…
Julien Papire exulte.
— Ah, c’est fait ! Bravo !
Nous avons atteint le point Godwin !
— Je ne vous apprécie pas généralement, Monsieur Lavis, reprend Monseigneur Millefeuilles, mais ce soir, je suis en accord avec vos propos.
Il est en effet… diabolique… d’oublier le péché originel !
Cette femme est une Ève !
Refuser de distinguer le bien du mal, c’est contraire au sens de la vie sous le regard de Dieu.
— Allah est grand.
La seule lecture de notre histoire est dans le Coran, réussit à placer Yasid Ramadan…
Julien Papire de conclure :
— La messe est dite ?
À ce moment-là, Noël Godin — l’homme aux si nombreux attentats pâtissiers — entre sur le plateau du studio avec son équipe.
Mise en scène ?
C’est peu probable cette fois… En tous les cas, la panique paraît réelle : le service d’ordre est plutôt débordé.
Julien Papire semble fort partagé entre l’obligation donnée par la production de couper la scène et laisser faire…
Quelques secondes de communication floue entre l’autorité et les techniciens ; c’est trop tard pour cacher aux téléspectateurs la scène commune, redoutée par les responsables de plateaux : il arrive alors, en effet, ce qui arrive encore — assez fréquemment — pour les individus qui s’estiment tellement supérieurs !
Oui, Bernard-Henry Lavis se trouve entarté pour la énième fois… et ce soir, devant une très large audience télévisuelle.
Un affront de plus, dans sa carrière déjà maintes fois habituée à ce rituel.
Il se lève furieux, dégoulinant de crème pâtissière !
Proférant des menaces… tentant de poursuivre Godin et sa bande, à travers un public aux anges… il trébuche, s’étalant de tout son long.
Julien Papire est sommé de rendre l’antenne.
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L'affaire du papyrus berbère est un récit initiatique, première partie des Amours d'un autre monde, épisode 1 du Cycle de Thulé des écrits de Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste en herbe.
tous droits réservés ©.
Toute phrase sortie de son contexte pour un usage fallacieux sera considérée comme acte détestable de manipulation et sera rejetée par l'auteur qui accueille la légitimité de cet écrit uniquement reçu dans son intégralité.
Si le nom de l'auteur Yves Philippe de Francqueville apparaît souvent, c'est pour donner de l'aisance aux moteurs de recherche…
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Interlude télévisuel
de la seconde partie
Julien
du livre
L'affaire du papyrus berbère
écrit par Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste en herbe.
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Julien
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